Pourquoi penser toujours au complot et au sabotage? Les événements connus par la Tunisie un certain 14 janvier 2011 ne seraient-ils pas, même s’ils ont pu être accélérés par certains, simplement des faits inscrits dans une suite logique et inévitable?
Aucun édifice ne pouvant s’ériger bien haut sans fondations saines et solides. La base, les fondations d’un pays ne pouvant être que son peuple. Ainsi, les dirigeants qui pensent contourner leurs peuples pour construire du solide se trompent. Personne n’est descendu dans la rue pour défendre Ben Ali et son pouvoir suite à son dernier discours télévisé la veille de son départ. Si les Tunisiens étaient la base de ce qu’il avait construit, des millions de citoyens seraient descendus dans tout le pays pour le soutenir, et il serait encore là aujourd’hui.
Je trouve, ce qui est arrivé de désordre, d’insécurité et de pertes économiques suite aux évènements du 14 janvier 2011, regrettable mais inévitable.
Elle a raté le coche en 1987…
La Tunisie a raté l’occasion en 1987 de partir du bon pied en construisant avec et pour sa jeunesse, comme l’avait pourtant promis Ben Ali dans son premier discours d’investiture et de prise pacifique du pouvoir au combattant suprême Habib Bourguiba. Un discours qui avait surpris et enthousiasmé tout un peuple, une certaine matinée le 7 novembre 1987.
Malheureusement le pouvoir travestit, isole et use. La promesse n’a pas été tenue. Ben Ali a construit tout seul sur du sable mouvant. Sa bâtisse s’est effondrée le 14 janvier 2011. Les milliers de militants du parti RCD, comptant une majorité de suiveurs et d’opportunistes pas si militants que cela, étaient insuffisants pour éviter l’effondrement à une structure fragilisée par les dépassements commis par le pouvoir et ses proches.
L’édifice aurait pu tenir quelques années de plus mais nul n’étant éternel, le jour de l’effondrement serait quand même survenu avec la disparition inévitable du seul gardien du temple, le général Ben Ali.
… pourtant, elle est toujours là…
Ceci étant, la Tunisie s’en sort plutôt pas mal. Jugez-en par vous-mêmes!
Aujourd’hui le pays a une connaissance plus proche de la réalité sur la réalité de sa population et ses tendances. Avec une liberté d’expression retrouvée, la rue a révélé en plus de cinq ans maintenant qui était qui et qui revendiquait quoi. Il y a eu pour les Tunisiens de mauvaises découvertes mais aussi de très bonnes, voire d’excellentes.
La femme tunisienne et son émancipation, son courage, son militantisme effectif, sa résistance non négociable pour dire non au retour en arrière. Quel bonheur! Quelle richesse! Quel espoir! Un acquis irréversible qui n’est pas donné à tous les pays.
Tous les hommes, souvent d’une grande culture -professeurs, médecins, avocats, chefs d’entreprise, étudiants-, tous descendus place du Bardo durant des mois pour dire non à l’obscurantisme. Quel réconfort! Quel capital!
La base ouvrière menée par une UGTT forte et organisée qui a défendu comme un seul homme le drapeau tunisien et l’intégrité du pays même si ses revendications salariales sont difficiles à satisfaire et agacent. Son apport était inestimable pour calmer les ardeurs des vautours les plus voraces revenus au pays affamés et assoiffés!
L’administration a veillé au grain…
L’administration tunisienne, qui a géré le pays pendant plusieurs années. Un pays décapité sans dirigeants, avec des politiciens sans expérience à ses commandes mais focalisés plutôt à se livrer des guerres politiciennes pour le partage du butin et le remodelage des contours du modèle sociétal tunisien!
Une administration qui a pu maintenir la continuité des services publics dans tout le pays comme l’électricité, l’eau courante, les transports, l’école, la disponibilité des denrées alimentaires, la sécurité des citoyens malgré les menaces et les attentats. Des services publics qui ont permis aux Tunisiens de dormir en paix en allégeant leurs souffrances et en leur évitant le pire.
L’Etat, grâce à la continuation de l’administration avec des cadres compétents, a vacillé mais ne s’est jamais effondré ou s’est trouvé débordé.
Le bas peuple a dit non aux corbeaux de la haine…
Enfin, dernière et plus récente excellente nouvelle et pas des moindres, la confirmation pour ceux qui avaient des espoirs, que le peuple, le vrai -celui de la rue, de la base-, de Ben Guerdane, de Sabria et de partout en Tunisie, n’a pas applaudi l’arrivée du drapeau noir et ses corbeaux de la haine et de la mort quand ils sont entrés pour quelques heures à Ben Guerdane.
Le peuple ne leur a pas ouvert les bras comme ils s’attendaient naïvement. Ils ont été plutôt férocement combattus par de vaillantes forces armées organisées et appuyées par toute une population solidaire.
Le monde entier s’est réveillé sur la nouvelle de la cuisante défaite de Daech à Ben Guerdane en Tunisie. Les martyrs tunisiens tombés ont été recueillis, honorés par les leurs et par la Nation, enveloppés du drapeau tunisien bien rouge et blanc étoilé et furent accompagnés à leurs dernières demeures respectives dans des villes et villages du pays par des foules où il ne manquait à l’appel que les plus jeunes, les vieillards et les impotents.
Des martyrs honorés par une nation et un peuple de braves qui a dit son mot. Une réponse sans appel qui a dû glacer tous ceux qui en voulaient à l’unité du pays ainsi que ceux qui, naïvement, espéraient récupérer et manipuler nos enfants.
Le terrorisme et l’obscurantisme ne passeront pas
Alors, les salaires vont peut-être tarder un peu par-ci par-là. Les difficultés économiques et sécuritaires vont certainement perdurer encore quelques temps, mais l’horizon bleu clair est là bien proche. Au bout du tunnel, la retrouvaille de l’odeur du jasmin qui fleurira bon la Tunisie d’antan que le monde entier a connu.
En attendant, la Tunisie ne baissera pas les bras et n’épargnera aucun effort pour défendre ses valeurs, la mémoire de ses bâtisseurs ainsi que l’avenir de ses enfants.
La preuve, s’il en fallait une, et la certitude ont été données aujourd’hui que les Tunisiens sont largement majoritaires pour refuser la haine, la violence, l’exclusion de l’autre, les guerres de religions et de cultures. Les Tunisiens, forts et unis, vaincront une minorité de voyous qui se trompe en pensant les faire plier par le chantage et la violence barbare.
L’avenir de nos enfants vaut bien tous les sacrifices et tous les combats. Le terrorisme et l’obscurantisme ne passeront pas. Le bout du tunnel est proche.
Les enfants choisiront la vie…
Daech en Syrie n’est plus qu’une affaire de quelques semaines encore.
Nos amis libyens sont sur la bonne voie pour une solution politique pacifique autour d’un gouvernement d’union nationale, capable de chasser les corbeaux de malheur de leur pays et les éliminer à jamais.
Pour les autres esprits naïfs ayant des projets inavoués pour embrigader nos enfants, sous-estimant la capacité du Tunisien, maintenant que les choses sont dites et bien claires, ils n’auront pas d’autres choix que de se calmer et de mettre de l’eau dans leur “Thé Vert” faute de dire dans leur vin!
Aussi bien leurs enfants que les nôtres, sans distinction, ils choisiront naturellement la vie, l’émancipation et le bonheur car telle est la nature humaine plus forte que tout embrigadement humain qui ne peut être qu’éphémère.
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