L’offshoring, par définition, est en hors bilan. Peut-on le garder sous contrôle? Le verrou règlementaire peut-il empêcher le basculement vers l’occulte? La thèse peut être plausible.
Off-shore et développement? Il n’y a pas de quoi choquer. Il faut toutefois mettre un bémol. L’offshoring ne saurait constituer, à lui tout seul, une politique de développement.
Toutefois, pour un pays en appétit de croissance économique comme la Tunisie, il constitue un levier d’appoint. L’offshoring a un versant vertueux comme instrument de dynamique économique. Et déjà, dans son tout premier code d’investissement qui remonte à 1969, la Tunisie avait fait un clin d’œil à l’offshoring.
Mais c’est la loi 72-38 et les suivantes qui y ont eu recours franc et intéressé. Dans quelle mesure cette option nous expose-t-elle aux dérapages de l’off-shore?
Rappelons que ses méfaits sont nombreux et assez conséquents pour ne pas dire ravageurs. Hélas, l’ingénierie financière étant ce qu’elle est, celle-ci peut abonder dans les montages, pour le moins discutables et qui ouvrent la porte à toutes sortes de dépassement dont la dissimulation de biens, l’évasion fiscale et par-dessus tout le blanchiment d’argent via tous les back-up qui garantissent l’anonymat des opérateurs.
Peut-on contenir l’offshoring dans un strict périmètre industriel?
Tous les phénomènes mutants sont à risques et l’off-shore est de ceux-là. La Tunisie avait cherché, à travers l’offshoring manufacturier, une riposte au chômage. Les autorités ont mis des clauses de sécurité élevées. Elles avaient à protéger l’investisseur étranger et les stakeholders locaux. Mais la sphère offshore avait besoin d’expansion et de prestataires financiers dédiés.
Il a fallu au législateur tunisien d’admettre qu’il faut faire une place aux banques offshore. Et ce pour des raisons de métier et de réseaux de correspondants. Mais pour autant, l’extension à l’offshoring bancaire se tient à une bonne distance de l’offshoring financier. Et même s’il constitue une passerelle, la législation tunisienne a su mettre une digue de protection non négligeable via le dinar convertible.
Le dinar convertible, une devise de sécurité
L’offshore industriel n’a pas connu le boom escompté. Et toute la sphère environnante ne trouvait pas suffisamment d’espace pour faire son business. C’est là que le dinar convertible, estiment tous les cambistes de Tunisie, est venu établir une connexion financière, bénéfique.
L’alter ego de notre monnaie nationale est négocié sur le marché libre et, de ce fait, il permet l’implication des banques offshore sur la place de Tunis. Et, l’avantage de la situation est que du moment où l’on recourt au dinar convertible, on autorise les banques locales à pouvoir se protéger via tous les canaux de sécurité que sont GAFI ou Tracfin de même que RIBAN, soit toutes les connexions d’échanges de données entre pays engagés dans la lutte contre le blanchiment et les détournements de toutes sortes.
L’offshore et la fiscalité
En reconfigurant son schéma de développement et en reconsidérant le statut de l’offshore, la Tunisie a mis ce secteur sous les projecteurs de sa fiscalité locale. La chose en est à ses débuts.
Voulant vivre pleinement son choix d’économie ouverte, la Tunisie a supprimé le cloisonnement, devenu caduc, entre l’on et l’offshoring. Cette fenêtre fiscale peut donner davantage de possibilités aux autorités de superviser et contrôler l’origine, la destination et l’usage des flux financiers qui transitent par sa place financière. Ayant opté pour l’offshore pour protéger les investisseurs internationaux du risque de change lié à sa monnaie, le pays est resté, jusqu’à un certain temps, à l’écart des méfaits majeurs de l’offshore. Cependant, la plaie ouverte de l’informel nous surexpose à tous les risques. Et, souvent les agences de notation nous le rappellent, il est vrai en des termes voilés mais avec persistance. Le ver serait-il déjà à l’intérieur du fruit? Cela s’est-il fait à notre insu? Mystère!