Le sommet sur la sûreté nucléaire dominé par la Corée du Nord et le terrorisme
Lorsqu’il avait esquissé l’objectif d’un monde débarrassé de ses armes nucléaires lors d’un discours prononcé à Prague, le 5 mars 2009, Barack Obama s’était gardé de tout angélisme. Le président des Etats-Unis avait d’ailleurs précisé qu’il ne verrait peut-être pas sa concrétisation « de [son] vivant ». Cette réserve a certainement dû lui revenir à l’esprit, jeudi 31 mars, en ouvrant à Washington le quatrième et dernier sommet de sa présidence consacré à la sûreté nucléaire.
L’ordre du jour, dominé par une réunion tripartite entre la Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon, puis d’une réunion bilatérale avec la Chine, a en effet témoigné que la menace atomique, en l’occurrence en Corée du Nord, restait bien présente. Barack Obama a promis « l’unité » des trois alliés afin de « dissuader et [se] défendre contre les provocations nord-coréennes ». C’est dans le même esprit que le président a rencontré son homologue chinois, Xi Jinping, pour lui demander une nouvelle fois de faire pression sur Pyongyang.
Entré dans les derniers mois de sa présidence, M. Obama peut se féliciter d’avoir contenu une autre menace, celle de la prolifération, en parvenant le 14 juillet 2015 à un accord avec l’Iran, qui doit en théorie convaincre la République islamique de renoncer à l’arme nucléaire. Mais le projet de réduction des deux plus importants arsenaux, américain et russe, piétine. Moscou a d’ailleurs choisi de bouder la réunion de Washington.
De même, la crainte que des organisations terroristes parviennent à fabriquer des « bombes sales », en se procurant des matériaux radioactifs, est bien réelle. « Le terrorisme se répand et la possibilité que des matériaux nucléaires soient employés ne peut pas être exclue », avait souligné, le 24 mars, à l’Agence France-Presse Yukiya Amano, le secrétaire général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dont le rôle est central. La presse venait tout juste de faire état de la surveillance par vidéo d’un « expert nucléaire » belge par la cellule djihadiste responsable des attentats de Bruxelles, deux jours plus tôt.
« Les Etats membres doivent manifester un intérêt accru à renforcer la sécurité nucléaire », avait noté M. Amano. Ainsi, malgré de lents progrès, il manque encore les signatures de six Etats pour qu’un amendement à la convention sur la protection physique des matières et des installations nucléaires puisse entrer en vigueur, onze ans après sa signature. Cet amendement obligerait les Etats à protéger ces sites et ce type de matériaux.
A ce bilan en demi-teinte, la campagne présidentielle américaine a apporté son lot de surprises, venues des prises de position iconoclastes du favori à la primaire républicaine Donald Trump. Ce dernier s’est dit, en effet, favorable, lors d’une rencontre avec le New York Times le 25 mars, à ce que la Corée du Sud et le Japon développent leur propre arsenal nucléaire pour se défendre contre la Corée du Nord. « Ce serait catastrophique pour les Etats-Unis de changer de position et d’indiquer que nous soutenons d’une certaine manière la prolifération des armes nucléaires », a déploré jeudi Ben Rhodes, l’un des conseillers diplomatiques de M. Obama, en marge du sommet.