Le ministère de l’Agriculture envisage de présenter une stratégie de développement du secteur des légumineuses, dont les superficies sont passées de 110 mille hectares en 1991 à seulement 73 mille hectares actuellement, soit 4% de la superficie totale des grandes cultures.
D’après Saâd Seddik, ministre de l’Agriculture, des Ressources hydraulique et de la Pêche, cette baisse, qui a concerné surtout les cultures de pois chiches, de haricots et de lentilles, est due à l’absence d’une stratégie garantissant la fluidité de la commercialisation de ces produits et à la fluctuation des prix de vente à la production qui a engendré la réticence de l’agriculteur à se lancer dans cette culture et, partant, à recourir à l’importation.
Les statistiques présentées mercredi 13 avril, lors d’une conférence nationale sur “la réalité du secteur des légumineuses et les perspectives de son développement”, montrent que les importations des légumineuses (pois chiche, haricot et lentille) se sont élevées à 233 mille quintaux contre une production locale de 784 mille quintaux.
Du côté de l’Institut national des grandes cultures (INGC), Raja Nabli, chargée des études, a relevé que la création d’une structure régissant la filière des légumineuses fourragère et alimentaire (collecte, stockage, transformation) sera proposée dans le cadre de la stratégie prévue.
Cette structure se chargera aussi des prix et oeuvrera à garantir un prix référentiel aux légumineuses à l’instar du régime appliqué aux céréales.
Fertilité des sols…
Les légumineuses, au-delà de leur apport nutritif, sont des plantes très bénéfiques pour préserver la fertilité des terres et pour l’assolement -technique permettant de diversifier les cultures sur les mêmes superficies pour une même période-, a indiqué Rachid Zouani, responsable chargé des programmes de l’encadrement des agriculteurs et des producteurs à l’INGC.
Ces cultures permettent, d’après ses dires, l’augmentation du taux d’azote dans le sol, lequel pourrait atteindre 50 unités d’azote par hectare, de réduire l’utilisation des pesticides et de lutter contre certaines maladies végétales et pourrait même contribuer à l’amélioration de plus de 10% le rendement des céréales.
Les légumineuses sont aussi d’excellents aliments pour bétail, selon Mondher Ben Salem, qui appelle à diversifier la production légumineuse afin de réduire l’importation de soja, surtout que le déficit de la balance commerciale en cette matière a atteint 51%. Il a aussi appelé à intégrer le féverole dans la composition des fourrages composés pour assurer une meilleure qualité du lait et des viandes.
En Tunisie, la culture des légumineuses se limite aux régions à climat humide et semi humide (Bizerte, Béja, Jendouba et Nabeul) et aux régions semi-arides dans le nord pendant les années pluviales. Dans certaines régions du centre et du sud, ces cultures se limitent aux lentilles et aux petits-pois.
11 kg de légumineuses par an…
Le Tunisien consomme environ 11 kg de légumineuses par an, dont 3,4 kg de légumineuses sèches et 7,6 kg de légumineuses fraîches, contre une consommation mondiale de 6 kg par individu. Les légumineuses constituent un substitut aux viandes, renforcent le système immunitaire et protègent contre les maladies cancérigènes.