Journée historique pour l’Argentine. Ce lundi, le pays retourne lever des fonds sur les marchés financiers pour la première fois depuis son défaut de paiement il y a quinze ans. L’émission de 12 à 15 milliards de dollars qui devrait être bouclée mardi servira à relancer l’économie du pays mais surtout à rembourser les fameux «fonds vautours». Ces investisseurs avaient acheté des titres de dette argentins totalement dépréciés dans l’espoir d’être remboursés au prix fort, puis refusé à l’ancien président Nestor Kirchner d’effacer plus des deux tiers de leur ardoise. La bataille avait amené le pays latino-américain jusqu’à la Cour suprême des États-Unis en 2014, qui somma Buenos Aires de rembourser. Après le refus de Cristina Kirchner, qui a succédé à son défunt mari, le pays avait été placé en défaut sélectif.
La donne a radicalement changé en décembre dernier avec l’élection à la présidence de la République du libéral Mauricio Macri. L’heure est à la réconciliation avec Washington. En l’espace de quatre mois, il a lancé de nombreuses réformes et, surtout, conclu début mars un accord avec les «fonds vautours».
La question est désormais de savoir à quel taux d’intérêt l’Argentine pourra emprunter. Alors que les pays sud-américains empruntent entre 3 % et 4 %, les banques ne devraient pas lui accorder des taux aussi bas. D’après le ministre des Finances Alfonso Prat-Gay, la demande des investisseurs pour des titres argentins est supérieure à l’offre.
L’opinion publique n’est pas aussi enthousiaste, de peur de voir l’État retomber dans ses travers maintenant que le robinet de la dette rouvre. Pour l’ex-ministre des Finances Axel Kicillof, la levée d’argent sur les marchés sera suivie d’ajustements douloureux pour les Argentins, qui souffrent déjà d’une inflation annuelle de 30 % pesant sur leur pouvoir d’achat et de pertes d’emploi. «Une fois de plus, l’histoire se répète et le passé rattrape les Argentins: endettement, dévaluation, licenciements», a dénoncé l’ex-présidente de gauche Cristina Kirchner.