Le chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI) à Tunis, Amine Mati, a déclaré que le nouveau programme de coopération avec la Tunisie sur lequel se sont accordés les experts du Fonds, offrira à la Tunisie une meilleure souplesse aux plans de la période du remboursement et du taux d’intérêt.
Dans un entretien accordé à l’agence TAP, il a souligné que ces conditions avantageuses permettront, par ailleurs, au pays de faire face aux difficultés économiques.
Les experts du FMI sont parvenus le vendredi 15 avril 2016 à un accord de principe pour un prêt de 2,8 milliards de dollars devant soutenir le programme économique global du gouvernement tunisien.
A la question de savoir si l’accord du FMI reflète la volonté de la communauté internationale d’aider la Tunisie en dépit des risques qu’il présente, M. Mati a répondu: “La communauté internationale continue en effet, aux côtés du FMI, à soutenir la Tunisie, comme l’a souligné la directrice du Fonds Christine Lagarde lors de sa visite en Tunisie, en septembre 2015, et au cours de laquelle elle a renouvelé l’engagement du Fonds à aider la Tunisie à faire face aux défis que le pays affronte”.
Ensuite, le représentant du FMI a rappelé que les deux parties (FMI et Tunisie) ont commencé un programme pour un accord sur un prêt stand-by de 1,78 milliard de dollars dont le décaissement s’est prolongé jusqu’au mois de décembre 2015. Puis, “nous poursuivons actuellement les discussions avec le gouvernement tunisien pour l’accompagner dans les réformes qu’elle s’est engagée à réaliser dans le cadre d’une vision économique ayant pour priorités la relance d’une croissance inclusive et la réduction de la précarité de l’économie”, explique-t-il.
Au passage, M. Mati a reconnu les efforts accomplis dans le domaine des réformes, et ce malgré les difficultés économiques que la Tunisie a connues et les attaques terroristes perpétrées dans le pays (le musée du Bardo et la région touristique de Sousse), mais l’économie a montré sa capacité de résilience.
On lui demande également de pronostiquer sur les chances de réussite ou d’échec du deuxième programme convenu: “Le nouveau programme a été élaboré par le gouvernement (tunisien) mais un consensus politique doit être trouvé à son sujet en plus d’une concertation avec les composantes de la société civile pour l’accomplissement des réformes qu’il comporte. Ces réformes sont nécessaires et doivent être accomplies dans l’immédiat afin d’en récolter les fruits à l’avenir. Comme il y a lieu de faire connaître ces réformes à une large échelle”, a-t-il souligné.
La Tunisie se distingue par des syndicats et des partenaires sociaux en général forts, quel sera d’après vous leur rôle dans la réalisation des réformes attendues? Le représentant du Fonds monétaire international a répondu: “Les partenaires sociaux sont une partie prenante dans les négociations que le gouvernement mène au sujet de ces réformes. D’ailleurs, lors de nos missions en Tunisie, nous discutons avec les parties sociales afin de connaître leurs objectifs et leurs priorités”.
A propose des négociations, M. Mati indique que “les experts du Fonds les mènent essentiellement avec le gouvernement, mais il est important de prendre connaissance des préoccupations des différents acteurs de la société civile dont les syndicats qui eux aussi discutent avec le gouvernement”. Et “lors des discussions avec ces derniers, poursuit-il, nous constatons que les différentes parties conviennent que la réforme de l’administration tunisienne est une réforme prioritaire sur laquelle se sont mises d’accord les principales composantes de la société civile lors du congrès national sur l’emploi, organisé en mars 2016”. A cette occasion, explique-t-il, on a estimé qu’il est nécessaire “de conférer davantage d’efficience aux services publics en vue de réaliser un meilleur taux de croissance et d’assurer une meilleure gestion des dépenses publiques”.
A la question “quels sont les spécificités de ce nouvel accord par rapport à l’accord de stand-By dont le décaissement a pris fin en décembre 2015?”, il a répondu que “cet accord au titre du mécanisme élargi de crédit est caractérisé par la longueur de la durée de son remboursement, qui varie entre 4 ans et demi et 10 ans, à un taux d’intérêt oscillant entre 1 et 3%, et devant ainsi permettre à la Tunisie une flexibilité de remboursement et une aisance financière”.
La première tranche dudit crédit sera décaissée dès son adoption par le conseil d’administration du Fonds à la mi-mai, a-t-il affirmé.
Il a aussi souligné que les experts du FMI sont en train de finaliser leur rapport qu’ils vont soumettre au conseil d’administration du FMI pour permettre le décaissement de la première tranche et l’identification du nombre des tranches qui seront décaissées dans le cadre de ce crédit. “Selon nos prévisions, notre prochaine visite aura lieu en septembre prochain”.