La Commission européenne a dévoilé, mercredi 27 avril, sa nouvelle campagne “MedFish4ever”, pour lutter contre la crise des stocks halieutiques en Méditerranée. Cette campagne, dont l’objectif est de préserver les stocks de poissons menacés de surexploitation, a été saluée par le Fonds Mondial pour la Nature (WWF), qui la qualifie d'”initiative collective essentielle pour l’avenir des stocks et des pêcheurs dans la région”.
Le WWF “croit fermement que la participation de toutes les parties prenantes est la clé qui garantira le recouvrement de ces stocks”, indique un communiqué du Fonds.
Le Commissaire européen à l’Environnement, aux Affaires maritimes et à la pêche, Karmenu Vella, a interpellé, mercredi à Bruxelles, le secteur de réagir face à la crise sans précédent que traverse la mer Méditerranée.
93% des stocks de poissons surexploités
“La mer Méditerranée a atteint un point critique, avec 93% des stocks de poissons évalués surexploités et un déclin qui va continuer, selon les prévisions. Cette initiative de l’UE arrive à un moment crucial. C’est seulement si toutes les partie prenantes agissent ensemble que nous pourrons bâtir un nouvel avenir pour les stocks de poissons, transformer la pêche en Méditerranée, aider les pêcheurs à bâtir leur avenir et à avoir accès au marché des produits de la mer durables”, a déclaré Marco Lambertini, directeur général du WWF International.
“Le coup de projecteur mis sur la Méditerranée est un signe encourageant et montre que la mise en oeuvre de la Politique commune des pêches (PCP) est prise au sérieux. Maintenant, les Etats membres de la région doivent intensifier leurs efforts non seulement au niveau de la mise en oeuvre mais également au niveau de son application et intégration”, ajoute Geneviève Pons, directeur du bureau européen du WWF.
Ce qui est en jeu, à l’heure actuelle, c’est la perte d’un capital naturel qui est à la base d’un secteur économique important dans la région avec une valeur totale des échanges de 27 milliards de dollars.
Ce secteur a en outre à sa base un secteur social important estimé à plus de 250.000 marins pêcheurs et des milliers d’emplois indirects via les marchés, la transformation, la distribution et la vente.
Le WWF a lancé le modèle de cogestion, où les pêcheurs, les scientifiques, la société civile et le gouvernement jouent un rôle égal dans l’établissement des processus et des règles de gestion de la pêche dans une zone donnée. Ce modèle a démontré sa valeur sociale, écologique et économique, et devrait servir de base pour la lutte contre la crise actuelle.
Selon le WWF, trois priorités doivent être traitées dans l’année à venir.
Premièrement, il y a un besoin urgent de réduire la mortalité par pêche. Pour atteindre cet objectif, il faut mettre en oeuvre des mesures adéquates telles que fixer le nombre de jours en mer, limiter le nombre de navires en mer par jour, établir des périodes et des zones de fermeture de la pêche (en particulier dans les zones de nourriceries) et des limites de capture.
Deuxièmement, il faut faire en sorte que tous les poissons puissent se reproduire au moins une fois.
Troisièmement, le WWF est très préoccupé par la gestion de la pêche à l’espadon en Méditerranée dont les stocks diminuent rapidement.
Il y a un besoin urgent de mise en oeuvre d’un plan de recouvrement ambitieux afin d’éviter l’effondrement du stock. Le WWF demande à la Commission internationale pour la Conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) et la Commission européenne pour accélérer le développement d’un nouveau plan de gestion vers le rétablissement des stocks.
“La crise des stocks de poissons méditerranéens nécessite une solution urgente et collective, au niveau local, national et international”. Le WWF s’est engagé à travailler activement avec toutes les parties prenantes pour construire une vision qui concilie économie et préoccupations environnementales.
Il y a une forte nécessité de coordination à tous les niveaux, et en particulier entre la Commission européenne et la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) afin de parler et d’agir d’une seule voix”, a conclu Dr, Giuseppe Di Carlo, directeur de la Mediterranean Initiative du WWF.