Dix-sept organisations arabes de droits humains, dont des tunisiennes, mettent en garde contre le projet de création d’un «Mécanisme régional spécial pour la liberté d’information dans le monde arabe», relevant de la Ligue des Etats arabes.
Selon ces ONG, ce projet représente «une menace réelle pour l’avenir de la liberté d’expression et d’information, étant donné qu’il ne reconnaît pas les standards universels des droits humains». Elles rappellent, dans ce sens, que la Charte arabe des droits humains, approuvée par la Ligue arabe en 2004, est contraire aux principes fondamentaux du droit international des droits humains, en ce qui concerne la liberté d’opinion et d’expression, étant donné que son article 32 permet de limiter la liberté d’opinion et d’expression, contrairement aux conventions internationales concernées, notamment l’Article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Ces organisations dénoncent l’obstination de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) à aller de l’avant, conjointement avec l’Union des journalistes arabes, dans l’établissement de ce projet qui, selon elles «ne remplit pas les conditions objectives permettant de contribuer à la protection des médias arabes».
Les dix-sept organisations appellent la société civile soucieuse de protéger le droit du citoyen arabe à des médias libres et respectueuse des standards de l’éthique journalistique à se mobiliser, en toute urgence, afin de procéder à un échange de vue sur les meilleurs moyens et mécanismes efficaces et indépendants susceptibles de protéger ce droit dont la négation ou la restriction abusive ne peuvent qu’engendrer des dommages terribles à la liberté des peuples et à l’avenir de leurs enfants.
On rappelle que la FIJ a entamé, depuis 2014, le «Processus de consultation» au sujet du «Mécanisme régional spécial pour la liberté de l’information dans le monde arabe», sans consultation ni coordination avec les organisations arabes des droits humains reconnues pour leur indépendance et leur participation au combat contre l’autoritarisme.
Parmi les organisations signataires de cette déclaration, on cite le Centre du Caire des études des droits humains, l’Association marocaine des droits humains, l’Association tunisienne des femmes démocrates, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, le Centre de Tunis pour la liberté de la presse, l’Association tunisienne de lutte contre la torture, le Réseau euro-maghrébin Citoyenneté et Culture et le Centre arabe pour la liberté des médias et le développement et la recherche.