L’audition de Yassine Brahim par la Commission du développement régional de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), prévue dans la matinée du lundi 2 mai 2016, n’a finalement pas eu lieu car le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale n’était pas au rendez-vous. Du coup, la séance s’est transformée en une sorte de proces d’un ministre qui n’en est pas a son premier couac.
Surpris par ce faux bond, les députés ont donné libre cours à leur colère. A la décharge du ministre, il faut dire qu’il a essayé d’obtenir le report de l’audition. Mais les membres de la Commission n’étaient guère enclins à la compréhension, car, outre que Yassine Brahim s’y est pris très tardivement, ce n’était pas la première fois –mais la troisième- qu’il se décommandait.
Lorsque les députés membres de la Commission du développement régional se quittent vendredi 29 avril, ils savent que leur semaine débutera lundi 2 mai avec une rencontre avec le ministre du Développement. Tous prennent donc leurs dispositions pour être lundi à l’heure à l’ARP, c’est-à-dire avant 9h30, heure fixée pour le début de l’audition du ministre. A leur arrivée dans la salle n°6 au deuxième étage, c’est la douche écossaise. Le ministre n’est pas venu.
Tarek Ftiti leur explique alors qu’il a reçu samedi 30 avril un appel téléphonique d’un membre du cabinet de Yassine Brahim l’informant de l’envoi vendredi d’un fax annonçant la non-venue du ministre lundi. Précision: le fax a été envoyé vendredi à 23h55. Mais comme l’administration de l’ARP est fermée samedi, le message n’a pas pu être répercuté auprès des membres de la Commission.
Dimanche 1er mai, nouveau coup de fil –à 20h- de Yassine Brahim à Tarek Ftiti. Enervé, celui-ci ne prend pas la communication. Lundi, alors que la Commission du développement régional a déjà commencé ses travaux, nouveau fax du cabinet du ministère du Développement dans lequel il confirme l’annulation de la réunion programmée ce jour-là et en propose la tenue lundi d’après, c’est-à-dire le 9 mai. Informé que le ministre a un conseil des ministres lundi après-midi, Tarek Ftiti suggère que le ministre vienne dans la matinée pour seulement deux heures ou qu’il se fasse remplacer par l’un de ses directeurs généraux.
Ces explications ne calment pas la colère des députés, bien au contraire. Tous les présents sans exception se relayent pour dénoncer ce qu’ils estiment être un manque de respect caractérisé à l’égard de l’ARP. L’incident fait même remonter à la surface des griefs déjà exprimés à l’encontre du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale.
Un membre de la Commission se rappelle –appuyé en cela par plusieurs de ses collègues- que lors de la dernière séance des questions-réponses le ministre du Développement a été très évasif et sans consistance dans ses réponses.
Un autre député déclare «ne pas être étonné par ce genre de comportement puisqu’il (Yassine Brahim, ndlr) fait, selon lui, la même chose au sein de son ministère». Continuant sur sa lancée, il demande que M. Brahim «qui a appelé à un changement de gouvernement soit le cas échéant le premier à partir».
D’autres ont demandé l’envoi de lettres de protestation au chef du gouvernement et à l’intéressé et la médiatisation de l’affaire «pour embarrasser le ministre».