Jeudi 5 mai 2016, la CONECT International et ses deux partenaires, en l’occurrence TABC et l’UPMI, ont organisé une rencontre-évaluation de la mission de prospection multisectorielle au Cameroun (du 4 au 7 avril 2016). Et comme nous l’avons écrit dans une précédente publication (lire: Economie: Rencontre d’évaluation sur la mission tunisienne de prospection au Cameroun), les participants à cette mission sont satisfaits à 80%.
Nous revenons dans ce présent article pour mettre en exergue l’intervention de Adnen BOUASSIDA, le vice-président de la CONECT International à qui revient en grande partie la réussite de cette mission, comme l’ont souligné les chefs d’entreprise (35 au total pour une dizaine de secteurs représentés) qui ont fait ce voyage –et ce même si M. Bouassida estime que la réussite de l’opération est collective.
M. Bouassida rappellera en préambule que l’objectif premier des missions organisées en Afrique par la CONECT International, UPMI et TABC, c’est “… d’ouvrir les portes à nos industriels afin qu’ils puissent s’introduire dans d’autres marchés pour développer davantage l’exportation des produits tunisiens“.
Suite à la mission au Cameroun, souligne M. Bouassida, “nous avons constaté que, aujourd’hui, il faut développer l’export autrement. Il ne suffit plus de se contenter de chercher uniquement des acheteurs et donc ne faire que du commerce, il est devient impératif de s’exporter autrement en s’implantant et en investissant en Afrique, et ce en vue de conquérir d’autres marchés dix fois plus importants que la Tunisie et rapatrier les bénéfices“. Dans cet ordre d’idées, le vice-président de CONECT International en conclut qu’“exporter autrement et aujourd’hui au Cameroun, on peut réaliser de bénéfices et gagner de l’argent“.
Mais M. Bouassida, comment cela est-il possible avec cette concurrence qui se joue sur les marchés africains? A cette question, l’homme d’affaires tunisien donne trois explications.
Premièrement, «le secteur industriel au Cameroun aujourd’hui est un secteur presque vierge». Deuxièmement, «la politique industrielle actuelle du Cameroun est orientée vers la transformation des ressources locales, notamment l’agriculture pastorale et forestière, minière et énergétique. Elle est complétée par le développement du transport, l’extension des infrastructures des voies de communication et du commerce». Et troisièmement, «le Cameroun dispose d’une gamme variée d’industries très intégrées aux réalités locales…».
Parmi ces industries, Adnen Bouassida cite celles extractives dont la branche la plus importante concerne les carrières où on extrait le calcaire, du sable, du kaolin pour les besoins industriels; et les eaux minérales ne sont pas en reste (entre autres les sources de Tangui à Mbanga et Supermont à Muyuka).
Les industries métallurgiques sont, elles aussi, en plein essor (Alucam, Socatral, Alubassa…).
Dominées par la Société nationale de raffinage du Cameroun, les industries chimiques demeurent peu diversifiées (Sonara pour le raffinage du pétrole, Plasticam pour les matières premières, le Complexe chimique camerounais pour la savonnerie et la parfumerie…).
Concernant les industries alimentaires ou agroalimentaires, M. Bouassida indique qu’elles sont en phase de croissance mais très anciennes, à l’instar de la Chocolaterie confiserie du Cameroun (CHOCOCAM), la Société sucrière du Cameroun (SOSUCAM), ou la Société de Palm du Cameroun (COCAPALM)…
Il y a également les industries des matériaux de construction et d’ameublement ainsi que celles textiles et du cuivre.
Le vice-président de CONECT International, fin connaisseur du marché camerounais, estime que certes le secteur industriel est diversifié mais en réalité il est faible et souffre de nombreux handicaps d’ordre à la fois interne et externe.
Au chapitre des problèmes internes, M. Bouassida évoque :
– l’insuffisance ou le caractère étroit du marché intérieur du Cameroun, dû essentiellement à la faiblesse de pouvoir d’achat des Camerounais et au coût élevé des produits manufacturés;
– l’insuffisance de capitaux, étroitement liée à la faiblesse de l’épargne intérieure;
– l’absence ou l’insuffisance d’une main-d’œuvre qualifiée.
A propos des problèmes externes de l’industrie camerounaise, le vice-président de CONECT International souligne qu’ils sont en grande partie liés à l’héritage colonial du pays (allemand, anglais et français…), autrement dit, le pays a été pillé par ces trois puissances coloniales qui y ont développé des industries extractives au détriment de celles de transformation. A cause de cela, le Cameroun dépend de l’extérieur pour tout ce qui concerne la transformation d’une grande partie de ses produits de base.
Mais malgré ces difficultés -qu’on peut trouver partout dans les pays africains-, M. BOUASSIDA estime que le Cameroun peut constituer un bon choix pour les opérateurs tunisiens, par sa position géographique stratégique –le pays se situe entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest-, il abrite le siège de la CEMAC (qui regroupe 6 pays, à savoir le Cameroun, le Gabon, le Tchad, le Congo, la République centrafricaine et la Guinée équatoriale). En plus, la CEMAC se donne pour mission de promouvoir un développement harmonieux des Etats membres dans le cadre de l’institution d’un véritable Marché commun.
En conclusion de son intervention, M. Adnen dira: «25 millions de camerounais + 45 millions de voisins + 173 millions de Nigérians, nous avons un total de près de 250 millions de consommateurs, ce qui en fait un marché potentiel et de grande envergure. Le Cameroun est donc un hub pour ce marché de 250 millions d’habitants».
Alors imaginons un seul instant que nos entreprises parviennent à conquérir ne serait-ce que 10% de ces consommateurs… On vous laisse deviner le gain pour l’économie tunisienne dans son ensemble.