«Le marié et la mariée sont d’accord; les familles également et tout est pret. Pourquoi alors retarder le mariage?». Cette boutade, lancée de la premiere réunion du Conseil d’Affaires Tuniso-Jordanien (CATJ), mardi 26 avril 2016, par un homme d’affaires jordanien, en dit long sur l’envie des businessmen des deux pays de mettre la main dans la main pour le bien de tous. Les deux parties paraissent d’ailleurs déterminées à aller rapidement de l’avant.
Et la preuve en est que la visite d’une délégation d’homme d’affaires jordaniens en Tunisie (26-28 avril 2016) intervient deux mois jour pour jour apres celle de Tarak Chérif, président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) en Jordanie, à l’occasion de laquelle il avait notamment annoncé l’adhésion de l’organisation qu’il préside à l’Union arabe des hommes d’affaires, basée à Amman. Et que, en ces deux mois, les deux parties ont décidé de créer le CATJ, à Amman, et donné corps a cette organisation à Tunis. Maintenant, il ne reste plus qu’a sceller le «mariage», c’est-a-dire aux chefs d’entreprise des deux pays de faire du business.
Tunisiens et Jordaniens font montre d’une grande ambition. Il n’est en effet pas question pour eux de limiter leurs activités au commerce; ils veulent investir, en Tunisie ou en Jordanie, séparément ou ensemble. D’autant que leurs pays respectifs leur semblent offrir les conditions de la réussite.
En effet, pour les chefs d’entreprise tunisiens et jordaniens, si la Tunisie et la Jordanie peuvent s’assembler, c’est, d’abord, parce qu’ils se ressemblent. «La richesse des deux pays c’est leurs ressources humaines de qualité et l’attractivité de leurs environnements des affaires», analyse Hamdi Tabbaa, président de la Jordanian Business Association (JBA). Un avis que partage Monia Jeguirim Saidi, présidente de la CONECT International, qui considere que «la Jordanie et la Tunisie ont pu surmonter l’obstacle du manque de ressources naturelles avec une capacité inouie et ont transformé cette situation en facteur positif et en incitation à travailler davantage, innover et entreprendre, en concentrant leurs efforts et leurs politiques économiques et sociales sur le capital humain et sa capacité à concevoir et développer des projets».
Les domaines ou Tunisiens et Jordaniens peuvent coopérer sont multiples et divers, et se caractérisent, selon Monia Jeguirim Saidi, «par l’innovation, les nouvelles technologies et la valeur ajoutée élevée, comme les industries alimentaires et biologiques, les technologies de l’information et de la communication, l’industrie pharmaceutique, le tourisme, l’enseignement supérieur, et la formation».
Mais les chefs d’entreprise tunisiens et jordaniens voient en grand et ne comptent pas limiter leur terrain d’action aux deux pays, mais l’étendre aux contrées auxquelles, grâce à des accords de coopération et de libre-échange, la Tunisie et la Jordanie ont accès. Les pays arabes du Golfe, les Etats-Unis, le Canada, la Turquie, Singapour et le Mexique, pour la Jordanie; l’Union européenne et, surtout, l’Afrique subsaharienne, pour la Tunisie. D’ailleurs, Tarek Chérif, qui rentrait d’un voyage au Mali et au Niger, a proposé d’associer les hommes d’affaires jordaniens aux futures missions organisées par la CONECT.
Maintenant, entre les intentions et leurs concrétisations, il y a des obstacles qu’il va falloir surmonter, dont en particulier «l’absence de liaisons maritimes et de relations bancaires», estime Hamdi Tabbaa. Obstacles que les autorités tunisiennes ont promis aux chefs d’entreprise des deux pays de les aider à les surmonter.