Que peut nous rapporter la “4G“? Cette interrogation soulevée par l’ATUGE est sur toutes les langues et dans tous les esprits.
Etait-il opportun de switcher vers la 4G alors que la 3G n’était pas encore rentabilisée?, s’interroge Walid Haj Amor, lors du dernier “Mardi de l’ATUGE’’ qui s’est tenu mardi 26 avril. Le dirigeant de Comete Engineering, cabinet qui a eu la charge de valoriser la licence de la 4G pour le compte de l’Etat tunisien, considère que cette technologie est un must have dans la course au développement entre les pays compétiteurs de la Tunisie. Le basculement est donc inévitable, sous la pression du suivisme international mais également de l’appel de progrès technologique, qui émane des entreprises tunisiennes. Et on saura qu’un mois après son démarrage, la 4G représente 5% des flux, ce qui est un bon signe.
La 4G, de même que le rappellera Nizar Bouguila, PDG de Tunisie Telecom, est “IP native“, c’est-à -dire qu’elle est dédiée au “Big data“ sur mobile et tablette. Et c’est en cela qu’elle se démarque de la 3G, qui est une technologie hybride. Cette dernière est une 2G, destinée au transport de la voix, à laquelle on a rajouté une couche de Data.
Hatem Mestiri, CTO de OOREDOO Tunisie, appuiera l’idée, en insistant sur le fait que la 4G est une technologie à part entière. Par conséquent, elle nécessite des investissements propres.
Pour sa part, Hatem Masmoudi, COO de Orange Tunisie, soutiendra que la Tunisie est le 14ème pays où Orange initie la 4G et que l’expérience tunisienne décolle à une allure satisfaisante. Et, de s’interroger sur les perspectives du développement d’un contenu 4G national, face à la concurrence du contenu étranger.
Cependant, tous les opérateurs et les intervenants appelleront l’attention sur la nature des terminaux. Les smartphones réglés sur la fréquence nationale sont seuls compatibles et, O surprise, ils constituent 2 à 3% du parc de téléphones existants. Et l’idée soulevée par Khaled Abdeljaoued, modérateur, que le parc de mobiles changerait tous les deux ans, a été contestée par tous. Cela pourrait donc ralentir l’expansion des flux 4G’. Et ce dernier de soulever la question ouverte: “la 4G, et après?
La 4G, une technologie de capacité
Pour faire court, on va se suffire d’un exemple simple, pour illustrer l’apport de la 4G. Cette technologie permet de regarder un film sur un mobile ou une tablette. Il semble que les japonais soient les meilleurs utilisateurs de la 4G, car ils sont gamers impénitents. Il semble que le Japon songe déjà à la 5G…
Tous les opérateurs sont unanimes pour soutenir que la 4G aidera à diffuser des applications avancées. Elles seraient de nature à booster le répondant technologique des entreprises. C’est un des éléments qui font décoller la productivité. C’est, par conséquent, un élément qui plaide, sans le garantir toutefois, à améliorer le positionnement des entreprises tunisienne sur les chaînes de valeurs.
Une précaution technique toutefois, s’assurer de la compatibilité des smartphones à acheter avec la fréquence nationale qui est propre à Tunisie.
Attention, se régler à la fréquence 800
Le pays s’est donné une fréquence propre, en l’occurrence la 800. On se démarque ainsi de la fréquence européenne réglée à 2100 et de celle chinoise qui est de 1400.
Beaucoup de Tunisiens ont acheté leur smartphone sur le marché parallèle, de marques chinoises ou parfois américaines. Il semble que 35% de ces appareils ne soient pas compatibles avec la fréquence 800, car réglés sur la fréquence de leur pays d’origine. Les smartphones actuellement compatibles représentent un pourcentage résiduel ne dépassant pas les 3% du parc national. Cela complique la tâche pour les opérateurs. Ces derniers doivent donc investir dans le réseau et faire un marketing offensif pour booster la consommation en vue de parvenir à amortir leur investissement. Mais tous se félicitent de ce que la 4G est une technologie pérenne qui va durer à l’avenir.
Quelles opportunités pour le futur?
A la question de savoir pourquoi avoir “urgencé“ la 4G par rapport au planning de Tunisie Digitale, Noomane Fehri, ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, présent comme invité, a répondu qu’il a opté pour la solution extrême en préférant “brûler ses vaisseaux“.
Cette option de guerre éclair serait-elle le levier qui aiderait à la transformation numérique du pays? Est-ce que l’Etat donnerait le coup de pouce nécessaire avec le e-gov, avec la connectivité des hôpitaux et des écoles? Le ministre a préféré ne prendre aucun engagement concret en la matière. Il table sur le boost, hypothétique reconnaissons-le, qui viendrait des start-upers eux-mêmes qui développeraient un contenu entertainement pour le grand public.
La réponse est assez imprécise d’autant que, avec la 4G, s’ouvre entre le ministère et INFOTICA une autre polémique pour avoir déclassé le programme de la fibre optique en faveur de la 4G. Outre que les dirigeants de l’INFOTICA considèrent que sur le package 4G, l’Etat va encaisser 470 MDT au titre de la licence mais que près de 900 MDT serviront à importer des équipements de l’étranger. Ils rappellent qu’avec une aussi grosse commande, on doit pouvoir dealer avec les fournisseurs sur deux segments sensibles. Le premier est d’aider à placer des compétences tunisiennes chez ces mêmes fournisseurs pour disposer d’insiders qui seraient autant d’éclaireurs pour le secteur IT national. Le second est qu’il faut associer les producteurs locaux, un tant soit peu, dans une juste optique de compensation.
Au-delà de cette controverse, ce qu’il faut retenir est que l’option Smart-land est la seule consigne qui nous fera figurer, demain, sur la short-list des pays d’accueil des IDE sur les meilleures chaînes de valeur.