L’élaboration de la nouvelle stratégie de l’inclusion financière en Tunisie (2016/2020) devrait être achevée vers la fin de 2016. C’est le ministre des Finances, Slim Chaker, qui l’a indiqué, précisant qu’actuellement les 2/3 des Tunisiens ne peuvent pas bénéficier des services bancaires et d’assurances car ils ne disposent pas des revenus nécessaires ou ne connaissent pas ces services.
Selon une étude de la Banque mondiale et de CAWTAR (Centre des femmes arabes pour la formation et la recherche) réalisée en 2015, le taux d’inclusion financière en Tunisie ne dépasse pas 36% de la population adulte. Pourtant, l’inclusion financière est nécessaire car elle permet à l’ensemble de la population et des entreprises d’accéder aux services financiers correspondant à leurs besoins, à savoir l’épargne, les moyens de paiement, les crédits et l’assurance.
En dépit des 12 millions de comptes bancaires et postaux recensés en Tunisie, la demande de services de micro-finance est estimée entre 2,5 et 3,5 millions de particuliers et leurs activités génératrices de revenus, soit 30 à 40% des adultes et entre 245 mille et 425 mille micro et très petites entreprises qui auraient besoin d’une gamme de services financiers spécifiques.
Intervenant lundi 16 mai 2016, à un colloque organisé sur le thème “vers une nouvelle stratégie de l’inclusion financière en Tunisie”, Chaker a souligné que cette stratégie permettra le développement économique et social, le bon fonctionnement de l’économie sociale et solidaire, la création d’emplois et l’accès des PME et TPPME aux financements.
Il a fait savoir qu’en 2015, 40 mille micro-crédits ont été accordés (moins de 2.000 dinars), notamment à des agriculteurs, des petits artisans et aux petits métiers, pour une valeur totale de 53 MDT.
Pour le ministre des Finances, il y a nécessité de développer la micro finance et une inclusion financière plus élargie pour soutenir un plus grand nombre de tunisiens et développer de nouveaux produits financiers. La micro-finance et l’inclusion financière permettent la création de nouveaux emplois et la réalisation de la croissance essentiellement dans les régions défavorisées et lointaines dans lesquelles le financement conventionnel est absent.
Tout en soulignant l’importance des associations de micro-finance qui connaissent mieux les besoins et les attentes des citoyens dans les régions défavorisées, Slim Chaker indique “toutefois que ces associations sont confrontées à plusieurs difficultés à savoir la faiblesse des ressources financières, des pertes importantes, des problèmes de gestion et des dettes. La majorité des associations de la micro-finance (250) sont très petites et doivent travailler ensemble pour avoir une capacité plus grande en matière de financement et de gestion des dossiers”.
Le PDG de l’autorité Contrôle de la Micro-finance (ACM), Mahmoud Montassar Mansour, rappellera, pour sa part, que la stratégie d’inclusion financière devra tenir compte des résultats de “la vision concertée pour le développement de la micro finance en Tunisie 2011/2014” et remédier aux insuffisances relevées par cette étude.
Il a mis l’accent sur la nécessité de la mise en place de cette stratégie vu que plusieurs études ont démontré que les pays qui disposent d’un taux d’inclusion financière élevé ont réalisé des taux de croissances importants.
La Tunisie rattrapera à travers l’inclusion financière le retard enregistré en terme de taux de croissance a t-il avancé.
L’inclusion financière contribue également indirectement à la stabilité du système financier, la formalisation des entreprises, l’usage réduit des services financiers informels ou non supervisés outre l’émergence de nouveaux modèles économiques qui poussent le système financier à se professionnaliser.