Le Cadre de Partenariat Pays (CPP) adopté mardi 17 mai à Washington, par le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale (GBM), est axé sur 3 piliers visant à faire de la Tunisie un hub économique, réduire les disparités régionales et accroître l’inclusion sociale, a fait savoir, Eileen Murray, responsable des opérations de la BM pour la Tunisie.
Tenant mercredi un point de presse au siège de la banque à Tunis, Murray a affirmé que “la nouvelle stratégie pour la Tunisie est basée à 100% sur la note d’orientation stratégique élaborée par le gouvernement tunisien en préparation du plan quinquennal (2016-2020)”.
La nouvelle stratégie pour la Tunisie prévoit un montant de prêts pouvant aller jusqu’à 5 milliards de dollars (près de 10,3 Milliards de dinars) au cours des cinq prochaines années.
Le 1er pilier vise à faire de la Tunisie un Hub économique en poursuivant les réformes engagées après la révolution de 2011. Il met l’accent sur le renforcement de la gestion économique et budgétaire et l’amélioration de l’environnement des affaires pour la création d’emplois et l’innovation, entraînés par le secteur privé.
Interrogée sur la situation de l’endettement en Tunisie, la responsable de la BM a précisé que dans le cadre de la nouvelle stratégie pour le pays, la Banque Mondiale travaille avec les autorités tunisiennes sur la mise en place d’un système plus moderne de gestion de la dette.
Il s’agit de renforcer les capacités techniques et humaines pour une meilleure gestion de cette dette (ministère du développement, BCT, ministère des finances).
Pour l’économiste principal de la BM, Abdoulaye Sy, “le niveau de la dette tunisienne reste bas mais, c’est sa composition qui nécessite un suivi, notamment les dettes en devises”.
Le 2ème pilier vise la réduction des disparités entre les régions côtières et les régions en retard de développement en termes d’opportunités économiques et de niveau de vie. Il cible l’accroissement de la valeur ajoutée des produits agricoles et le développement des chaînes de valeur dans les régions défavorisées, particulièrement au profit des jeunes et des femmes.
Concernant l’accès à l’eau dans toutes les régions, la BM est en train de mener une étude analytique de la viabilité financière de la SONEDE, en vue d’étudier les coûts d’accès à l’eau pour corriger les disparités régionales à ce niveau, a indiqué la responsable de la Banque.
Quant au 3ème pilier, son objectif est d’accroître l’inclusion sociale. Il prévoit une assistance du GBM pour les segments particulièrement vulnérables de la société, dans le but de contribuer à renforcer la confiance des citoyens et de promouvoir le développement des compétences, la transparence et la responsabilité soit tous les éléments de base d’un contrat social renouvelé.
S’agissant du problème de la corruption, Murray a rappelé que la BM a appuyé le gouvernement tunisien dans la création du site “MIZANIATOUNA” qui facilite l’accès des citoyens aux dépenses publiques.
L’institution financière internationale aide, également le ministère des finances à mettre en place un système d’information et de gestion intégrée et soutient en outre les réformes engagées pour la simplification des procédures administratives (afin de donner, moins de marge aux activités de corruption), la réforme de la douane et la promotion des exportations…
Le CPP sera mis en œuvre à travers le portefeuille existant et une série de nouvelles opérations, y compris une série de Financements à l’appui de Politiques de Développement (FPD) visant à soutenir la mise en œuvre des réformes clés telles que le Code des investissements, la législation sur la Concurrence et la Faillite, et d’autres mesures visant à promouvoir les procédures gouvernementales favorables aux investisseurs.
Selon Murray, les réformes “doivent aller plus vite en Tunisie, car les choses y prennent beaucoup de temps”. Alors que certains dans l’opposition qualifient les réformes proposées par la BM de “douloureuses”, Murray estime qu’il y aura plus de gagnants que de perdants, après la réalisation de ces réformes.