Jeffrey R. Immelt, puissant patron de General Electric, réaffirme son intérêt pour l’Afrique. Il y constate le manque criant d’infrastructures dans l’énergie, et regrette que les gouvernements se dispersent au lieu d’investir et de mener à bien de grands projets phares.
General Electric est la multinationale par excellence. Le conglomérat américain, dont tout le monde connaît le nom, est présent dans de multiples secteurs: de l’énergie aux appareils électroménagers, de l’équipement médical au matériel militaire, en passant par les services financiers. GE est présente dans 170 pays.
Jeffrey Robert Immelt est à la tête de cet «empire», après avoir succédé au célèbre Jack Welch en septembre 2001. Depuis son arrivée, explique cet homme sympathique de 60 ans, originaire de Cincinnati dans l’Ohio, l’Afrique a joué un rôle important dans la stratégie du groupe. La présence de plus en plus marquée de GE en Afrique fait partie de son plan d’étendre son caractère multinational. «En tant que PDG, j’ai toujours été intrigué de voir ce que l’Afrique pourrait nous apporter… General Electric était à 70% aux États-Unis en 2001. En 2016, nous serons à 70% hors des États-Unis», explique Jeffrey Immelt qui affirme «avoir toujours eu l’ambition, tout comme l’équipe de direction, que le groupe ait une dimension beaucoup plus internationale. C’est pour cette raison que nous avons moins hésité à nous implanter dans d’autres pays».
Les investissements de GE sur le continent ont bondi de 500 millions $ en 2001 à 6 milliards $ en 2016. Le groupe est désormais présent dans huit pays d’Afrique, sur les principaux marchés: l’Afrique du Sud, l’Angola, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Mozambique, la Tanzanie et le Nigeria.
Plus vaste marché d’Afrique, le Nigeria illustre parfaitement la stratégie continentale de GE. En 2013, la société a annoncé son intention d’investir pas moins de 1 milliard $ dans le pays, en promettant de tripler sa production d’électricité en dix ans.
Le Nigeria, qui souffre de graves pénuries d’électricité depuis des dizaines d’années, incarne le défi de la distribution d’énergie dans les économies africaines en plein essor. Le pays étant incapable de fournir 5 GW à une population de plus de 150 millions de personnes –à comparer aux 45 GW qu’offre l’Afrique du Sud à ses 53 millions d’habitants–, la gravité des problèmes d’énergie du Nigeria est un obstacle majeur au développement industriel et ne peut être sous-estimée. «Cette question est devenue une priorité pour le gouvernement et pour le secteur privé», indique Jeffrey Immelt. «Sans électricité, il n’y aura pas de prospérité. C’est aussi simple que cela. La distribution d’électricité doit évoluer au même rythme que la production et il est essentiel d’investir. Le pays a besoin de 40 GW et n’en produit que trois ou quatre actuellement». (African Business n°44, à paraître).