Inaugurée par Romano Prodi, président de la commission européenne, la politique de voisinage, promettait “Tout sauf les institutions“. Le point, treize ans plus tard, avec Christian Danielsson, nouveau monsieur de la politique de voisinage et négociations d’élargissement de la commission européenne.
Webmanagercenter.com : On a initié la politique de voisinage avec un slogan prometteur “More for more“. N’avez-vous pas le sentiment que l’on s’est écarté de la voie?
Christian Danielsson : Rassurez-vous, on est sur la bonne voie. Il reste que “More for more“, ce n’est pas une destination mais c’est le chemin. Et puis, observez bien que depuis le 14 janvier 2011 l’aide européenne à la Tunisie a quasiment triplé. Et ça aussi c’est more for more.
Au-delà de l’aide, la Tunisie réclame une alliance économique. Est-ce que le message vous parvient?
C’est bien reçu. Le programme d’élargissement du partenariat abonde en ce sens. Nous aiderons la Tunisie dans des domaines variés et sensibles. Il y aura l’enseignement supérieur, l’emploi, l’eau et les ressources hydriques en général, la justice, la culture, ainsi que l’appui à la société civile.
Mais quand la Tunisie demande du développement, l’UE répond par le libre-échange. Est-ce bien compatible?
Je persiste et je signe, c’est compatible. C’est l’envers et l’endroit d’une même réalité. Ensuite, je dirais que l’ALECA abonde en ce sens. Il y a aussi le plan quinquennal 2016 – 2020. Allez-y, n’hésitez pas, réformez en profondeur et nous vous appuierons de la manière la plus adéquate.
Vous disiez qu’une Tunisie prospère est utile à l’Europe. L’économie tunisienne est en état de grippage. L’ALECA suffira-t-il à la faire performer?
Ce sera, j’en suis persuadé, le cadre primordial pour développer nos relations dans le commerce et les services. Je suis Suédois et je sais que mon pays aurait tiré avantage d’un programme pareil. Je reconnais toutefois que l’ALECA est une partie de la solution. Il faut être honnête, le plus important viendra de votre travail de réformes. Et nous soutiendrons vos efforts. Nous connaissons les retombées parfois impopulaires des réformes et nous vous soutiendrons fermement dans votre lutte contre la pauvreté.
La Tunisie a adhéré au programme H2020. Ne faut-il pas le soutenir par des bourses d’études avant le doctorat?
Nos échanges dans le cadre d’Erasmus ne sont pas négligeables. Je suis d’accord avec vous pour élargir le cadre d’échanges qui vient avant H2020 à travers le programme PASRI (Programme d’Appui au système de recherche et innovation, financé par l’UE). Je crois me souvenir que 200 bourses d’études ont été accordées à des jeunes tunisiens pour développer leurs recherches dans des universités ainsi que des universités à travers toute l’Europe.