Le site tunisien des industries extractives n’est pas attractif pour les investisseurs étrangers en raison de la rigidité du code des hydrocarbures, de la lourdeur du régime fiscal, du manque de transparence des contrats d’exploitation des champs pétroliers et de la cherté du coût de la production du baril de pétrole. C’est ce qui ressort de la conférence sur “les IDE dans les industries extractives”, organisée mardi 24 mai à la Maison de l’Entreprise, à Tunis.
En plus, la Tunisie ne dispose pas de ressources naturelles très importantes, bien qu’une grande partie du territoire tunisien n’ait pas encore été explorée (Nord du pays en particulier). Ridha Bouzaouada, directeur général de l’énergie au ministère de l’énergie et des mines, a cité l’exemple du gaz dont la production nationale reste stable depuis l’année 2010 sous la barre de 7 millions de mètres cubes.
La demande intérieure en gaz naturel évolue de 4% à 7% par an. La Tunisie importe actuellement de l’Algérie 53% de ses besoins en gaz naturel, alors que les sites tunisiens, comme Nawara, n’y contribue qu’à hauteur de 5%. Les besoins en électricité augmentent de 3% par an, ce qui nécessite d’installer une centrale électrique produisant chaque année entre 300 et 600 Mégawatts.
Bouzaouada a évoqué plusieurs scénarios de développement de ce secteur axés sur le charbon ou le gaz de schiste, relevant que si la réserve est confirmée, la Tunisie réussira à satisfaire ses besoins en énergie durant une cinquantaine d’années.
Cela passe forcément par la révision du code des hydrocarbures pour encourager l’exploitation des ressources non -conventionnelles, comme le gaz de schiste et nécessite également la révision du régime fiscal afin d’attirer les compagnies étrangères à réaliser des projets d’investissements en Tunisie.
D’après un benchmarking réalisé par l’Organisation de la coopération et du développement économique (OCDE), cité par Jamel Hajji, directeur de l’exploitation au ministère de l’Energie et des mines, la Tunisie fiscalise le plus (80%) ses produits extractifs par rapport aux pays membres de l’OCDE.
Commentant ce classement, Hajji a fait valoir que le régime fiscal actuel ne permet pas de drainer des investissements étrangers dans les industries extractives. Au niveau de la transparence, une récente enquête réalisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) auprès de 102 entreprises (13,73% non résidentes et 86,27% résidentes), opérant dans les industries extractives, a révélé que 50% des chefs d’entreprises se conforment à la norme internationale de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), dont 42,5% perçoivent que cette initiative joue un rôle déterminant dans leur choix d’installation en Tunisie.
73,75% des entreprises estiment qu’un environnement transparent est nécessaire pour choisir de travailler sur la Tunisie. En réalité, a fait valoir la députée Olfa Soukri Chérif, membre de la Commission des finances relevant de l’Assemblée des représentants du peuple, “la transparence et la redevabilité devraient être des piliers de la démocratie naissante en Tunisie”.
En concrétisation du droit à l’information pour tous, les contrats d’exploitation devraient être publiés dans le Journal Officiel de Tunisie (JORT) et leur contenu sera vulgarisé en vue d’une meilleure compréhension des dispositions des contrats, a-t-elle ajouté.