Parlant du chroniqueur français Stéphane Guillon, Saoud Maherzi, le jeune tunisien de HEC Montréal (spécialité finances) qui a remporté le concours de l’éloquence grâce à un discours qu’il voulait, d’après ses dires, politique et historique, le décrit comme étant quelqu’un «qui s’est automatiquement fait humour pour dénoncer l’injustice. Lorsque la démocratie démontre ses travers et que l’enfant Fabius ne tombe pas loin du pommier. Quand l’humour est corrosif, il rouille les rouages du système».
Le chroniqueur français dénonçait l’acharnement de la justice française sur un sans-abri qui avait volé du riz et des pâtes et sa tolérance pour le fils Fabius nullement inquiété pour avoir détourné 3 millions d’euros.
En matière d’humour corrosif et malgré son jeune âge, Saoud n’a rien à envier à Stéphane Guillon, lui, étudiant, qui a fait et défait le monde dénonçant les injustices grâce au périple d’une envolée de canards. Il a laissé libre cours à son imagination et exprimé à mots couverts son exaspération par rapport à ce qui s’y passe.
Entretien
Webmanagercenter.com : «Nous sommes votre dose d’actualité, de sourire et d’expérience au quotidien. Vous êtes notre seule et unique source d’inspiration». Belle approche pour susciter l’intérêt de vos lecteurs. Votre cursus universitaire n’est pas axé sur l’écriture ou l’éloquence, vous étudiez la finance. Le journalisme pour vous est un hobby ou une passion? Le Huffington post Maghreb est-il le journal qui répond le plus à vos attentes et à vos ambitions de chroniqueur?
Saoud Maherzi : Le journalisme pour moi n’est ni l’un ni l’autre. Ce que j’aime plutôt, c’est la chronique, l’analyse, l’exercice de style et d’opinion. L’aspect journalistique qui consiste à suivre une certaine ligne éditoriale, ou à écrire des articles objectifs ne m’attire pas particulièrement.
Le Huffington Post est une très bonne plateforme qui a su rassembler sur son site un assez grand panel d’opinions. J’ai eu l’opportunité d’y contribuer, et il m’arrive aussi d’écrire des statuts sur mon profil Facebook – https://www.facebook.com/saoud.maherzi.
Qu’est-ce qui vous a motivé pour participer au concours d’éloquence: «Quelle sera votre journée de demain?» Est-ce votre manière à vous de crier au monde votre indignation par rapport à ce qui s’y passe de manière plutôt «poétique» mais non moins virulente?
J’ai entendu parler de l’organisation de ce concours. Je m’y suis inscrit parce que j’aime les discours, j’aime faire passer des messages. Je ne dirais pas que je crie mon indignation. Je la chuchote à travers un certain humour, ou un semblant de cynisme. Je ne sais pas si c’est poétique.
Après avoir transporté vos auditeurs dans un monde meilleur, vous les avez ramenée brutalement à sa réalité, est-ce pour les pousser eux-mêmes à revoir leur rôle dans ce qui y est perpétré et leurs responsabilités dans les changements qui doivent y être opérés?
Je n’ai pas la prétention de pousser quiconque à faire quoi que ce soit. Nous sommes tous face à nos responsabilités. Par contre, mon message tendait à valoriser le savoir par lequel, selon moi, on peut se délier des chaînes de l’ignorance. Par la connaissance, on peut avoir un réel impact. Le problème, c’est qu’à travers les médias officiels, beaucoup croient savoir beaucoup de choses. Or, c’est la pire des situations, celle du troupeau de moutons qui croient être libres parce qu’on les amène dans un plus grand enclos.
«Le pire ennemi du savoir n’est pas l’ignorance, mais l’illusion de connaissance». J’aurais aimé être l’auteur de cette citation.
Vous avez tout juste 22 ans et vous apportez pareil éclairage sur la réalité du monde. Comment, d’après vous, faire en sorte qu’il devienne meilleur?
Je ne sais pas si je jouerai un rôle dans l’avenir. Ça fait sûrement partie de mes motivations, d’autant plus que les messages que j’ai reçus, la reconnaissance et la fierté qu’ont démontrés beaucoup de Tunisiens à mon égard est un carburant qui ne laisse pas indifférent. Rien ne sert de précéder ce qui n’a pas encore été. On verra bien.
Votre texte dénote d’une culture multidisciplinaire et nullement superficielle, quelles sont vos lectures préférées?
Il me faudrait des pages pour toutes les répertorier mais j’en nommerai quelques-unes:
– Les Désorientés, d’Amin Maalouf
– Contes de la folie ordinaire, de Charles Bukowski
– L’autobiographie de Malcolm X
– L’insoutenable légèreté de l’être, de Milan Kundera
– Alamut, de Vladimir Bartol
– Les particules élémentaires et Soumission, de Michel Houellebecq
– Quelques biographies sur Bourguiba
– Le capitalisme de la séduction, Michel Clouscard
– C’était De Gaulle, Alain Peyrefitte
Je m’arrêterai là pour l’instant haha!
Comptez-vous rentrer en Tunisie ou rester au Canada?
Je pense qu’une expérience au Canada sur le moyen terme est nécessaire pour pouvoir retourner en Tunisie avec le plus de capacité à accomplir des choses. Ce pays m’a beaucoup apporté, et continuera à m’apporter sur les années à venir.
Donc, pour l’instant, ma place est au Canada. Mais arrivera un jour, Inchallah, où je retournerai dans mon pays pour de bon.