7 juin 2012. Cette date aurait pu marquer un tournant dans l’histoire économique et industrielle de la Tunisie si l’annonce faite ce jour-la par Hamadi Jebali avait été suivie d’effet. Il y a bientôt quatre ans, le premier chef du premier gouvernement de la Troika, issu des élections du 23 octobre 2011, avait annoncé que la Tunisie allait mettre en ouvre l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), la norme mondiale de la transparence dans ce secteur d’activité.
En visite en Tunisie au moment de cette annonce, Clair Short, présidente de l’ITIE, y avait réagi en déclarant que «l’ITIE apportera davantage de transparence au secteur tunisien des ressources naturelles. Elle aidera à s’assurer que la gestion des ressources se fait au profit de la population.
La décision de mettre en œuvre l’ITIE témoigne par ailleurs de la volonté du gouvernement tunisien d’améliorer la gouvernance et de lutter contre la corruption. La Tunisie joue une nouvelle fois le chef de file dans la région et j’espère que d’autres pays suivront cet exemple».
L’annonce est restée lettre morte. Et la faute de cette parole donnée et non respectée n’incombe pas à l’ancien locataire du Palais de La Kasbah, mais plutôt, selon une source proche du dossier, à l’administration et plus particulièrement au ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines –alors dirigé par Mohamed Lamine Chakhari- qui n’était pas favorable à une adhésion de la Tunisie à cette initiative.
Quatre ans après, cette idée est de nouveau à l’ordre du jour. «Nous avons eu des discussions encourageantes avec le nouveau ministre de l’Energie et des Mines (Mongi Marzouk)», a révélé Pablo Valverde, responsable pays pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au secrétariat international de l’ITIE, lors de la conférence «Les IDE dans les industries extractives: quelle transparence pour une meilleure attractivité?», organisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), en partenariat avec le Natural Resource Governance Institute (NRGI).
«On n’est pas en train de négocier», a nuancé Kaïs Mejri, directeur général des Services communs au ministère de l’Energie et des Mines. Mais en confirmant qu’«on est dans un processus de co-construction, gouvernement, ITIE et société civile». Ce qui veut dire concrètement, relance du processus d’adhésion de la Tunisie à l’ITIE. Qui n’est pas fortuite. En effet, elle s’inscrit dans le droit fil de l’engagement du ministère de l’Energie et des Mines dans l’initiative OGP (Open Government Partnership) qui s’est déjà traduit par la mise en œuvre d’un premier plan d’action -dont le taux de réalisation se situe, selon Kaïs Mejri, entre 25 et 30%- dans le cadre duquel a été construite la plateforme Open Data sur laquelle seront bientôt publiés les contrats conclus par l’Etat tunisien dans le domaine des hydrocarbures.
Sur la base de ce premier pas, plusieurs associations ont proposé que l’adhésion de la Tunisie à l’ITIE soit inscrite dans le 2ème plan OGP, indique M. Mejri. «Le ministère de l’Energie et des Mines n’y est pas opposé», souligne le directeur général des Services communs au ministère de l’Energie et des Mines. Mais ce sera au Comité de pilotage de ce 2ème plan –qui a déjà reçu «plus de 300 propositions de programmes»- de décider en juillet 2016 si l’ITIE y sera ou pas.
Visiblement désireux que la réponse soit positive, Pablo Valverde fait remarquer aux Tunisiens qu’ils ont là un instrument qu’ils peuvent utiliser «si vous en avez besoin».