La Banque centrale de Tunisie (BCT) présentera au gouvernement, dans quelques mois, son projet d’assouplissement de la réglementation des changes en Tunisie, qui vise principalement la simplification des procédures de transferts des devises pour les non résidents et l’allègement des procédures relatives à l’internationalisation des entreprises résidentes. C’est ce qu’a indiqué Faiza Feki, directrice générale des opérations de change à la BCT.
Intervenant à un atelier d’experts tenu vendredi à la Maison de l’entreprise (IACE), sur le thème “quel nouveau sequencing dans l’assouplissement de la réglementation des changes en Tunsie”, la DG a fait savoir que la BCT a élaboré conjointement avec l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) et l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), un rapport stratégique englobant toutes les propositions relatives à la réforme de la réglementation des changes en Tunisie.
L’objectif de cette réforme est d’assurer l’attractivité des investissements ainsi que la promotion du commerce international, en boostant les exportations tunisiennes, à un moment où la balance commerciale est déficitaire de 12 millions de dinars (MDT) en moyenne par an, et relevant également le niveau des réserves en devises, qui représente actuellement, 109 jours d’importation, a-t-elle précisé.
Feki a indiqué que la réforme de la réglementation des changes propose l’augmentation, par rapport à la réglementation actuelle, du plafond d’investissement permettant à une entreprise résidente de sortir sur le marché étranger, tout en fixant certaines conditions relatives à la durée de l’implantation de l’entreprise en Tunisie (5 ans minimum), à sa situation financière en terme de tenue des états financiers qui devront être certifiés par un expert comptable et à sa situation fiscale.
D’après la responsable, ces conditions permettront de protéger l’économie des risques de la libéralisation du système des changes, notamment en termes de fuite des capitaux déguisés.
De son côté, le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari, a indiqué que cette réforme du système des changes permet de faciliter les opérations de change pour l’investisseur en terme de détention des devises, partant de l’idée que la croissance du pays est liée à la prospérité ou au déclin du secteur privé.
Il a indiqué que les réformes récemment engagées par la BCT constituent indéniablement des avancées majeures qui fournissent un cadre propice à une nouvelle phase de libéralisation des changes en Tunisie. Et que dans le contexte actuel post-transition caractérisé par une pénurie de l’épargne nationale, la libéralisation envisagée est d’autant plus opportune pour la mobilisation des ressources externes nécessaires au financement des réformes, des déficits courant et budgétaire et aussi des investissements.
Mehdi Ben Mustpha, directeur au département des affaires juridiques et internationales au CMF, a appelé à la libéralisation progressive des changes, en concertation avec les différents intervenants, faisant remarquer que la participation étrangère en bourse représente 27% de la capitalisation boursière, ce qui place la Tunisie en très bonne position comparée à d’autres places et pourrait être améliorée avec l’assouplissement de la réglementation des changes.
Pour sa part, Hichem Elloumi, vice-président de l’UTICA, a souligné que la réforme du système des changes permettra à la Tunisie d’être une plateforme internationale compétitive et attractive.