Pour les Africains, la corruption, définie comme étant l’utilisation et l’abus du pouvoir public à des fins privées, reste l’un des principaux freins à la fourniture des services publics et à la protection de l’intérêt général, selon le rapport 2016 de la Banque africaine de développement (BAD) intitulé “Les perspectives économiques en Afrique”.
En 2015, 58% des Africains ayant répondu à l’enquête de Transparency International pour établir son baromètre mondial de la corruption estimaient que la corruption s’était renforcée, d’après le rapport de la BAD, présenté vendredi 3 juin à Tunis, dans le cadre de la 3ème Rencontre internationale méditerranéenne, qui a traité du thème “Crise, transitions politiques et changements structurels”.
“Dans les 12 mois ayant précédé l’enquête, 22% des usagers des services publics en Afrique subsaharienne avaient versé un dessous-de-table, soit pratiquement 75 millions de personnes. Les organismes africains de lutte contre la corruption tendent à manquer de moyens et, très souvent, une forte proportion des citoyens estime que leur gouvernement continue à échouer à combattre ce fléau.
En moyenne, 64,4% des Africains affirment que leur gouvernement gère mal ou plutôt mal la lutte contre la corruption, tandis que 30,6% pensent que les mesures gouvernementales anti-corruption sont plutôt bien ou bien gérées (Afrobaromètre, 2015)”, indique le rapport produit en partenariat avec l’OCDE et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et aussi plus de 100 chercheurs, économistes, staticiens et experts africains et étrangers.
Le principe de responsabilité et la présence d’un système de contrepouvoir face aux administrations et aux politiques publiques sont essentiels pour la fourniture efficace des biens publics, la délivrance des services et le financement des infrastructures, notent les auteurs du rapport.
D’après cette publication, ce système de contrepouvoir est aussi primordial pour la qualité des politiques publiques et la fourniture de biens publics. “L’absence de contrepouvoir alimente la corruption, avec des conséquences financières énormes et une perte de qualité dans la prestation de services”, estiment les experts.