Sans être exceptionnels, les résultats de la première réunion de la Joint Economic Commission (JEC) tuniso-américaine, tenue le 6 mai 2016 à Washington, à laquelle le gouvernement tunisien était représenté par Zied Ladhari, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, et la Door Knock Mission (DKM) menée de manière concomitante dans la capitale américaine par l’AmCham Tunisie et une délégation d’hommes d’affaires, peuvent être considérés comme positifs et encourageants.
Bien sûr, les deux évènements avaient des finalités différentes mais complémentaires. La JEC avait pour objectif, selon Khaled Babbou, président d’AmCham Tunisie, «d’appuyer les efforts de développement économique en Tunisie, notamment la compétitivité et la création d’emplois, et de procéder à un échange des vues sur les différentes questions relatives aux programmes d’appui financiers et de coopération technique».
La DKM visait à «promouvoir l’image de la Tunisie en termes d’innovation, d’attractivité et de ressources humaines, booster les investissements et échanges commerciaux entre la Tunisie et les Etats-Unis, renforcer le partenariat économique et stratégique entre les deux pays, et, enfin, «instaurer et entretenir un dialogue constructif sur les problématiques bilatérales et actions qui pourraient intensifier les opportunités de coopération».
Khaled Babbou a enfin souligné «l’engagement du secteur privé à travailler avec le gouvernement et la société civile en vue de fournir des solutions et créer les conditions pour un surcroît de croissance, d’emplois et de prospérité en Tunisie et pour un partenariat plus fort avec les Etats-Unis».
Les trois secteurs cibles…
Pour plus d’efficacité, les travaux de la JEC ont été concentrés sur trois secteurs jugés prioritaires par le gouvernement tunisien et pour la croissance desquels AmCham avait présenté ses recommandations élaborées, selon elle, «dans un processus consultatif avec différentes parties prenantes». Et ce sont ces trois secteurs qui vont être au cœur de la nouvelle dynamique tuniso-américaine, puisque, selon le communiqué final publié à l’issue de la première réunion de la JEC, les deux gouvernements et le secteur privé se sont «engagés à soutenir des initiatives» dans les secteurs agricole/alimentaire, les petites et moyennes entreprises et les technologies de l’information et de la communication en vue de les aider à se développer.
La partie américaine s’est engagée à sponsoriser des expositions itinérantes dans 12 mois pour «augmenter la connaissance des opportunités de commerce américaines et pouvoir l’accès au marché» (le département d’Etat et le ministère du Commerce), et à fournir de la formation et du soutien technique pour «faciliter les exportations à haut potentiel».
Création de centres d’excellence…
Côté tunisien, les ministères de l’Agriculture, de l’Industrie et du Commerce collaboreront avec le secteur privé –qui bénéficieront pour cela de l’appui technique de l’USAID- pour établir «une feuille de route pour augmenter l’accès au marché (américain) et l’engagement commercial bilatéral».
AmCham Tunisia/Partnership for a New Beginning (PNB) ont promis de contribuer à cette construction en créant trois centres d’excellence pour les céréales, l’huile d’olive, et les fruits et légumes et «d’utiliser l’expertise acquise durant les agribusiness AmCham Days pour promouvoir l’accroissement. Enfin, l’association Tunisian American Young Professionals (TAYP) conduira un webinaire de formation sur la préparation à l’exportation.
Les petites et moyennes entreprises bénéficieront à l’initiative du ministère de l’Emploi en collaboration avec le privé de la création d’un site web décrivant, dans un premier temps, les procédures administratives de soutien, à commencer par l’enregistrement des entreprises, avant d’évoluer vers un «one stop shop» pour informer également sur les ressources financières et les opportunités de mentoring offertes par le secteur privé.
A quoi s’ajoutent les efforts du Tunisian American Enterprise Fund (TAEF) qui va élaborer un rapport sur la facilité de faire des affaires en Tunisie dont le gouvernement a promis de prendre en considération les recommandations et de l’USAID qui a annoncé la création de 6.015 emplois et d’AmCham Tunisia/PNB qui vont créer SME Export Lab et organiser de nouvelles Journées AmCham de soutien aux petites et moyennes entreprises.
Concernant le secteur des TIC, le ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique s’est engagé à soumettre, dans six mois, un nouveau code des communications au Parlement, à bâtir avec le secteur privé un programme de coaching pour aider les investisseurs américains à entrer sur le marché tunisien et à établir une représentation de Smart Tunisia dans la Sillicon Valley, et à connecter 60% des Tunisiens à l’Internet d’ici 2018.
De son côté, le gouvernement américain va identifier, à travers la Global Connect Initiative, l’expertise technique permettant de soutenir la mise en œuvre de la stratégie de la Tunisie Numérique, et identifier les opportunités de partenariat pour aider le gouvernement tunisien à connecter tous ses citoyens.
Enfin, AmCham Tunisia/PNB se sont engagés à ouvrir une branche dans la Sillicon Valley d’ici la fin 2016, dupliquer dans d’autres universités le concept de formation du Tunisian Business School Smart Center et mettre en place un programme de formation et de développement des compétences d’une durée de trois mois.
Le président d’AmCham Tunisia avait, devant la JEC, affirmé que «la crédibilité et la durabilité du processus de coopération bilatérale, et partant de sa réussite, dépendra de manière cruciale de l’engagement des deux parties à traduire les principes, valeurs et objectifs guidant les relations bilatérales en politiques et actions qui donneront du contenu à ce qui pourrait autrement devenir simplement un partenariat rhétorique». De ce fait, la prochaine édition de la Joint Economic Commission (JEC), prévue en 2017 en Tunisie, dira si tous ces engagements ont tenus.