Nous avons tous constaté une baisse rapide du dinar ces derniers temps. Que se passe-t-il?
Il faut noter d’abord que la monnaie n’est que le miroir, le reflet de ce qui se passe au niveau de l’économie. Notre économie, franchement mal gérée et malmenée, est en situation de récession. Elle connaît depuis quelques années déjà une croissance atone, voire nulle ou négative parfois.
Elle ne crée plus d’emplois, au contraire elle détruit de l’emploi. Elle ne crée plus de richesses, au contraire elle en détruit. Elle génère une inflation à un niveau structurellement élevé. Tout cela finit par se traduire par une détérioration accélérée de la valeur intérieure et extérieure du dinar.
Intérieure d’abord sous forme d’une baisse continue du pouvoir d’achat de l’unité monétaire, et par conséquent du pouvoir d’achat du citoyen.
Extérieure ensuite sous forme d’une flambée des cours des monnaies étrangères, notamment le dollar et l’euro. Il faut rappeler ici que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a souvent essayé de défendre artificiellement la monnaie nationale, et ce malgré les recommandations répétées du FMI. Cette politique de défense artificielle, par opposition à une politique de vraies réformes de nature à soigner les véritables maux de l’économie, a causé beaucoup de tord à notre économie (balance commerciale et balance courante notamment) et a coûté cher en termes de pertes de change au niveau du bilan de la BCT.
Il faut rappeler également que l’ajustement qui est en train d’être opéré (par la BCT qui continue à contrôler le marché des changes) au niveau du taux de change du dinar figure en fait parmi les engagements pris par les autorités tunisiennes auprès du FMI dans le cadre de l’obtention du dernier crédit de 2,88 milliards de dollars.
Compte tenu de la situation actuelle de l’économie (et du pays), la baisse du taux de change du dinar est un moindre mal. Oui, il s’agit en effet d’une forme d’ajustement de la balance des paiements. Résister artificiellement à cette baisse, sans apporter de vraies solutions aux problèmes de l’économie tunisienne (et de la Tunisie) pourrait mener à une situation de banqueroute.
Le dinar a donc beaucoup baissé, et il continuera à baisser. La bonne solution aurait du être une dévaluation franche de l’ordre de 12 à 15% (dans le cadre d’une stratégie globale de sauvetage de l’économie), au lieu d’un glissement dont l’effet réparateur est assez limité. Mais ne peut procéder à une dévaluation qu’un gouvernement fort!