Dans le répertoire administratif tunisien, la délégation de Bir El Hafey (gouvernorat de Sidi Bouzid) n’est autre que neuf imadas (secteur) sur lesquels campe une population éminemment rurale estimée à plus de 33.000 habitants sur un total de 40.000 habitants.
Selon le lexique économique, cette région s’avère une véritable mine de ressources naturelles potentiellement exploitables dans le secteur agricole, industriel et touristique.
Côté agriculture, la délégation de Bir El Hafey recèle de grandes superficies de terres arables et d’un potentiel important de marbre blanc et jaune à la disposition des exploitants industriels.
Dans le registre écologique et archéologique, la région dépeint avec force un riche paysage écologique et archéologique dans lequel se mêlent senteurs de l’histoire et cadre verdoyant parsemé de forêts et de sources d’eau.
Par delà ce constat laissant à désirer, se profile un tableau émaillé de difficultés de taille et de multiples obstacles qui entravent le processus de développement dans la région, selon le syndicaliste Mokhtar Mansri, originaire de la délégation, et d’ajouter que “Bir El Hafey n’a pas été exploitée convenablement en dépit de sa situation géographique privilégiée et de sa proximité et du gouvernorat de Sfax, deuxième pôle économique de la Tunisie- et du Nord du pays (Route nationale n°3)”. “Autant d’atouts qui n’ont malheureusement pas réussi à convaincre les décideurs publics et les responsables gouvernementaux de la nécessité d’accorder à la région toute l’attention requise”, a-t-il regretté, faisant état de “sérieux problèmes qui minent la vie quotidienne des citoyens lassés de voir leur voix mal écoutée”.
“Parfaite illustration de ce calvaire quotidien, certaines régions de la délégation de Bir El Hafey sont privées de l’eau potable, s’est indigné le syndicaliste, pointant du doigt le laxisme des responsables locaux qui tardent à trouver des solutions urgentes à ce dossier de premier plan.” Bien plus, la région recèle un fort potentiel archéologique et patrimonial (sites romains, le fort, les cimetières romains…) encore inexploité.
Question de choix public, de stratégie de développement ou encore de volonté politique, qu’importe les raisons, pour Mansri “il aurait été plus opportun aux autorités d’inscrire ce potentiel archéologique dans le circuit touristique reliant le Nord au Sud, une mesure qui favorisera indéniablement l’attrait des investisseurs envers la région”.
Face à la réticence des investisseurs doublée à une inertie des autorités officielles, rien ne semble présager un changement dans le prochain avenir, a regretté le syndicaliste, affichant à ce titre un pessimisme croissant à voir le développement se muer en projets concrets et non de se fier aux vœux pieux et aux promesses non tenues.
Une position qui semble être partagée par Yassine jeddi, (activiste civil) qui a saisi l’occasion pour décrier la politique officielle à l’égard de la délégation et plaider en contrepartie pour des revendications légitimes tant sollicitées par la population de la région. “Au yeux des habitants de la région, la priorité doit être accordée à la création d’une école dans la spécialité de l’ingénierie agronomique et à la construction d’un théâtre plein air pour rendre les services récréatifs plus accessibles que jamais aux citoyens, notamment aux jeunes”, a-t-il constaté. Et l’activiste local d’ajouter “qu’il est grand temps de construire le barrage de la région Ouled Khelifa pour subvenir aux besoins des agriculteurs en eaux d’irrigation, pour régler la question foncière, notamment pour les terres agricoles et la création d’un espace industriel pour encourager les investisseurs à s’installer pour le propre compte et à lancer des projets dans la région”.
Une interminable liste de revendications légitimes à laquelle s’ajoute le règlement du problème de la station d’assainissement et le rapprochement des services de base des habitants des zones rurales et surtout l’éducation. “L’éducation mérite elle aussi un surcroît d’attention de la part des pouvoirs publics”, souligne l’activiste, faisant remarquer que “la délégation de Bir El Hafey dispose de 7 collèges et lycées et de 22 écoles primaires, en majorité mal entretenus et souffrant d’un encombrement dans les classes”. “Raison pour laquelle la construction d’une 3ème école primaire s’avère une nécessité impérieuse aussi bien pour le déroulement des cours que pour le niveau de scolarisation”, a-t-il recommandé, dénonçant “l’état délabré des écoles rurales et la propagation du phénomène du décrochage scolaire parmi les élèves originaires des régions de “Ouergha” et “Rahal”, en raison de l’éloignement des établissements scolaires de leur lieu de résidence”.
“Certains établissements scolaires ruraux, n’ont ni clôtures, ni eau potable ni électricité”, a-t-il lancé”. La distance entre la maison et l’école est longue et pénible: les écoliers sont obligés de marcher pendant de longues heures malgré les intempéries”, a indiqué Yassine, alors que d’autres élèves choisissent d’abandonner volontairement les bancs de l’école”.
Tablant sur une société civile locale active et agissante, Naoufel Youssefi (société civile) a lancé un appel pressant en vue de se mobiliser davantage pour changer la donne dans la région. ” Plusieurs associations actives dans la délégation ont largement contribué au développement socio-économique de la région”, a-t-il dit, ajoutant que “cette délégation est connue par son ouverture à son environnement et ses activités culturelles riches et variées”.
Par ailleurs, Youssefi a signalé que “plusieurs projets de développement sont encore bloqués dans la région, à l’instar du parc municipal, le seul et unique espace familial et de loisirs et le village artisanal qui devrait impulser les activités économiques dans la région”. Il suggère à ce titre “l’introduction de Bir El Hefay dans un circuit touristique pour revaloriser ses sites archéologiques et accueillir les visiteurs dans de meilleures conditions.” Mais de quelles conditions parle-t-on?, s’est-il interrogé, déplorant “le mauvais état des routes” qui selon ses propos, méritent d’être réhabilités autant que possible”.
A entendre le délégué de Bir El Hefay, Hatem El Ouaar, plusieurs projets de développement sont programmés dans la région, notamment l’approvisionnement en eau potable dans toutes les imadas, le bitumage des routes, l’embellissement des accès de la ville ainsi que le réaménagement des routes (Ouled khelifa, route el hdaidia, route du bac, route de Dachra, etc.) “Une enveloppe de 1 MDT sera allouée aux travaux de réaménagement du bureau de poste de la région afin de réduire l’encombrement, a-t-il cité, ajoutant que le nouveau service des urgences sera bientôt inauguré. En outre, quelques imadas seront dotées de nouvelles zones irriguées et de puits mécanisés. Listant encore les projets en vue dans la région, le délégué de Bir El Hefay a également recensé le blocage de certains projets, dont le village artisanal (1,2 MDT) depuis 2013 en raison d’un problème foncier et le projet du parc urbain dont les travaux ont été interrompus à cause des difficultés financières”.