Ceux qui comme moi ont vécu la crise grave de 1986, la première et deuxième crises du Golfe ainsi que la crise financière internationale de 2007/2008 savent ce qu’il faut comme patriotisme, professionnalisme et abnégation pour sauver l’économie d’un pays en proie à une crise profonde.
En 1986, trois facteurs fondamentaux ont aidé le pays à se remettre sur pied et à retrouver très vite le chemin de la croissance.
D’abord, la compétence des premiers responsables qui ont eu la charge de concevoir, d’exécuter le Programme d’ajustement et de mobiliser la communauté internationale en faveur de ce programme. Je citerais Rachid Sfar, Ismail Khelil, feu Nouri Zorgati, Béji Hamda.
Ensuite, le soutien technique d’une Administration motivée et mobilisée autour du programme. Je parle en particulier des cadres supérieurs des ministères du Plan et des Finances et de la BCT qui ont fait le gros du travail.
En ce qui me concerne, j’étais chargé, en tant que directeur général des ressources humaines au ministère du Plan, de concevoir le projet d’accompagnement social du programme de réformes, ce qui donnera lieu à la mise en place du programme des familles nécessiteuses connu sous le terme de PNAFN et qui a été financé par un prélèvement sur les ressources de la CNSS devant le refus de la Banque mondiale d’en assurer le financement.
Enfin, la réactivité qui a caractérisé la démarche tunisienne et qu’on retrouvera d’ailleurs au moment où il fallait faire face à la première et deuxième crises du Golfe et à la crise financière internationale de 2007/2008. A ce propos, je me rappellerais toujours de cette folle journée, une journée d’Aid pour tout vous dire, passée à la salle de change de la BCT pour réorienter les placements en devises de la Tunisie vers des banques solides et des instruments sans risques pour le pays. Le soutien financier apporté par les organisations internationales était limité -juste ce qu’il faut- pour remettre l’économie à flot.
D’ailleurs, le prêt stand-by du FMI avait été remboursé par anticipation, ce qui avait affranchi le pays des influences extérieures et préservé sa souveraineté.
Réactivité, professionnalisme et compétence ont été les principaux arguments de la Tunisie pour la sortie de crise, le soutien financier n’étant qu’un adjuvant.