Ses projets en Tunisie et dans les autres pays du Maghreb arabe étant confrontés à des difficultés conjoncturelles empêchant une bonne visibilité, les seules bonnes nouvelles viennent du Sénégal et de France, PGH décide de lever le pied progressivement en matière d’investissement, au cours des années à venir.
Taille et moyens plutôt conséquents ne poussent pas les dirigeants de Poulina Group Holding (PGH) à une politique aventuriste en matière d’investissements. Surtout dans les moments difficiles, tant d’un point de vue social, économique, politique que sécuritaire comme c’est le cas aujourd’hui.
Parce que, comme l’a expliqué Karim Ammar, directeur général de PGH, lors d’une communication financière (jeudi 9 juin), «la visibilité de l’économie tunisienne n’est pas très grande» et que «les attentats ont impacté l’année 2015 et début 2016», le groupe présidé par Abdelwaheb Ben Ayed a préféré se doter d’un business plan «conservateur» pour les années 2016-2018.
Cette nouvelle tendance a d’ailleurs commencé à se dessiner dès 2015. En effet, l’année écoulée a vu la courbe des investissements, jusqu’ici croissante, se stabiliser à 136 millions de dinars, après avoir fait un bond de 45% (à 94,6 millions de dinars) en 2014.
Le nouveau business plan prévoit un taux de croissance moyen de 6,4% durant les trois prochaines années, et une enveloppe d’investissement totalisant 225 millions de dinars et suivant un rythme décroissant pour passer de 138 MDT en 2016, à 55 MDT en 2017 et 32 MDT en 2018. «Nous sommes en phase descendante en matière d’investissement», explique Karim Ammar.
Cette prudence en matière d’investissement se justifie d’autant plus que PGH n’est pas confronté à des difficultés en Tunisie seulement. En fait, partout au Maghreb, les graines semées par le groupe tardent à germer ou à donner les résultats escomptés.
En raison de la guerre, aucune des sociétés créées en Libye ne fonctionne normalement. L’une d’entre elles, spécialisée dans la construction de routes et opérant dans le Sud, est à l’arrêt. Les autres ne fonctionnent qu’à 20% de leur capacité, indique le président du groupe. Du coup, ces investissements «ne sont pas rentabilisés» et PGH subit des «frais financiers sans retour».
En Algérie, «les investissements ne donnent pas ce qu’on en attendait et ce pour des raisons administratives». Comme la situation dans ce pays n’est pas près de changer pour les investisseurs étrangers, PGH y a en quelque sorte appuyé sur le bouton «pause».
Même au Maroc, la situation des filiales du groupe «n’est pas meilleure en raison des difficultés financières du pays», explique Abdelwaheb Ben Ayed.
Finalement, les seules bonnes nouvelles pour Poulina Group Holding pour ce qui est de ses investissements hors de Tunisie viennent du Sénégal et de France.
En 2013, PGH a pris pied au Sénégal via une joint-venture (Medoil Sénégal) spécialisée dans la production de margarine et des huiles végétales. L’expérience s’étant avérée concluante, le groupe investit aujourd’hui 53 millions de dinars pour développer l’affaire avec son partenaire sénégalais.
En France, PGH a commencé à investir «dans des sociétés du secteur des TIC afin d’exporter des compétences tunisiennes», note M. Ben Ayed. Bref, pour PGH les opportunités viennent aujourd’hui essentiellement du Sud et du Nord. Pas du voisinage maghrébin.