Au regard de la bonne qualité de l’aide apportée, ces temps-ci, à la Tunisie par certaines organisations non gouvernementales européennes, la société civile en Tunisie et en Europe donne le véritable exemple de ce que devraient être la solidarité et le co-développement tant souhaités et tant clamés entre le nord et le sud de la Méditerranée.
Dans cette perspective, deux cas de solidarité d’excellente facture méritent qu’on s’y attarde. Le premier est à l’actif des organisations syndicales françaises qui, lors d’un déplacement à Tunis placé sous le signe de la solidarité et organisé à l’initiative du Consulat Général de Tunisie à Paris, de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), de l’ONTT et de la compagnie Tunisair (2 au 5 juin 2016).
Les syndicats français solidaires avec le tourisme tunisien
Une centaine de représentants des trois principales forces syndicales françaises -Confédération générale du travail (CGT), Confédération française démocratique du travail (CFDT) et Force ouvrière (FO)- ont accepté de transmettre un message fort auprès des comités d’entreprises et des associations de tourisme social et solidaire afin de sensibiliser leurs adhérents à visiter la Tunisie et à contribuer à la relance de l’activité touristique considérée comme pilier de l’économie et un des premiers employeurs du pays (2 millions d’employés sur un total de 11 millions d’habitants), et ce en dépit des consignes de restriction au voyage en Tunisie données par le gouvernement français à ses concitoyens.
Lors de leurs rencontres avec les Tunisiens, les syndicats français, rassurés du dispositif sécuritaire mis en place dans les zones touristiques conformément aux normes internationales, se sont déclarés disposés à apporter leur contribution aux efforts de la Tunisie visant à reconquérir sa position dans le monde touristique. Ils se sont engagés, en outre, à favoriser le développement d’un tourisme social et culturel et solidaire envers la Tunisie et demandent que les associations de tourisme comme les comités d’entreprise inscrivent désormais la Tunisie dans leurs catalogues.
Selon les dossiers Comité d’Entreprise Infos (France), le marché engloberait aujourd’hui en France environ 33.000 structures se répartissant en 28.000 comités d’entreprises et 5.000 Comités d’œuvres sociales (COS), Centres d’actions sociales (CAS) et Amicales du personnel. Il toucherait plus de 11 millions de salariés et retraités.
L’enjeu d’un tel marché est de taille lorsqu’on sait que près du tiers des touristes français sont issus des comités d’entreprises et des associations. Par les chiffres, «en 2010, sur 1,4 million de vacanciers français près de 450.000 étaient issus des comités d’entreprises et des associations», selon le TO français Authentique qui est en même temps membre du comité d’appui pour un tourisme social et solidaire en Tunisie.
Le plus important pour les syndicats français serait toutefois de convaincre les tour-operators français de programmer la Tunisie dans leurs stratégies commerciales.
Des retraités allemands disposés à transmettre leur savoir-faire aux Tunisiens
Le deuxième cas est à l’actif d’une ONG allemande, Senior Expert Service (SES), la plus importante organisation allemande d’envoi de spécialistes et cadres retraités. Cette ONG a décidé d’offrir ses services aux PME tunisiennes.
Les entreprises tunisiennes peuvent désormais profiter de la vaste expertise et du savoir-faire d’experts allemands à la retraite. En témoigne cette petite entreprise familiale à Oueslatia (gouvernorat de Kairouan), Sartex, qui produisait des petites quantités d’huiles essentielles avant de faire recours à un expert senior allemand, qui, en trois semaines, a initié les employés aux techniques de conservation des herbes et de distillation et les a formés dans la certification bio orientée vers le marché européen et égyptien, pour ensuite mettre l’entreprise en contact avec des clients potentiels en Egypte et en Europe.
Cet expert fait partie du Senior Expert Service (SES), qui soutient la transmission bénévole de savoir et d’expérience dans le monde entier, y compris en Tunisie. Les interventions du SES renforcent les compétences locales dans tous les domaines et secteurs d’activité.
D’après Karin Willnauer, coordinatrice de projets à SES Bonn chargée de la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord, SES met les connaissances de ses experts au service d’un développement économique et social durable.
Il s’agit de toute évidence d’une opportunité à saisir en toute urgence et à lui porter un intérêt stratégique particulier. Ne l’oublions pas, il s’agit de bénéficier, presque gratis, d’un transfert précieux de savoir-faire que les officiels du pays n’ont pas pu obtenir de leurs homologues européens en dépit des nombreuses conventions de partenariat conclues entre les deux parties et en dépit des budgets conséquents dépensés, des décennies durant, par les ministères de l’Industrie et du Tourisme aux fins de favoriser un transfert de know-how en faveur de la Tunisie et d’attirer les touristes étrangers.
On l’aura dit.