En poste depuis cinq mois, Kamel Ayadi, ministre de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption, a doté le pays d’un ambitieux plan destiné à révolutionner la fonction publique.
Devenue un véritable serpent de mer à force d’en avoir entendu parler au fil des ans mais sans jamais en voir le moindre bout mis en œuvre, la réforme de l’administration commence enfin à devenir une réalité palpable. Entrée au –deuxième- gouvernement Essid, en janvier 2016, le ministre de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption, Kamel Ayadi, a en effet immédiatement ouvert les trois chantiers dont il a la responsabilité: la réforme de la fonction publique, l’amélioration de la gouvernance et la lutte contre la corruption.
Sur le premier volet, Kamel Ayadi et son équipe, appuyée par le cabinet britannique Adam Smith International, ont procédé à un état des lieux. Il en est sorti un constat sans concession que le ministre a résumé devant les députés: «L’administration fait aujourd’hui partie du problème et non de la solution parce qu’elle présente tous les phénomènes négatifs et alimente la tension dans le pays».
Ensuite, «elle est incapable, avec sa structure et ses moyens actuels, d’accompagner le développement du pays et de concrétiser la nouvelle politique de décentralisation», notamment parce que «son attractivité est faible», qu’elle n’est pas en mesure de «conserver ses compétences» et qu’il lui manque «un leadership susceptible de servir de locomotive».
L’administration publique est, également, surdimensionnée par rapport à la taille de la population, donc aux besoins du pays. Dans certains pays, on compte moins de 20 fonctionnaires pour 1.000 habitants (16/1000, en Corée du Sud), contre 84/1000 en Tunisie, loin de la moyenne mondiale qui se situe dans la fourchette 20-35 fonctionnaires pour 1000 habitants, souligne Kamel Ayadi.
L’administration publique est, enfin, coûteuse. La masse salariale de ses 630.000 fonctionnaires –contre 484.000 en 2010- s’élève à 13 milliards de dinars, soit 45% du budget de l’Etat et 14% du produit intérieur brut, souligne le ministre de la Fonction publique.
Sur la base de ce diagnostic, le remède a déjà été élaboré et consigné dans le plan d’action qui vise à transformer le «mammouth» qu’est devenue la fonction publique. Un plan d’action dont Kamel Ayadi a présenté les grandes lignes lundi 20 juin, pour la troisième fois en près d’un mois, aux députés membres de la Commission de la réforme administrative, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et du contrôle de la gestion de l’argent public, de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Ce plan tient en trois axes: la révision du statut général des agents de la fonction publique, la baisse de l’absentéisme et de la «présence négative» et la simplification des procédures. Un «mix» qui tient à la fois compte des revendications des fonctionnaires (premier point) ainsi que des récriminations des Tunisiens (les deux autres).
Un acronyme résume la démarche retenue dans l’élaboration du plan d’action: SMART pour Specific (simple) Measurable (Mesurable) Acceptable (Acceptable) Relevant (Réaliste) et Time-Bound (inscrit dans le temps). Sur cette base, un bilan annuel sera effectué pour «voir ce qui a marché et quel impact il a eu, ce qui n’a pas marché, pour quelle raison et quelles en ont été les conséquences, et ce pour rectifier le tir», promet M. Ayadi.