La Banque centrale de Tunisie prévoit une stabilisation du déficit courant pour l’année 2016, à 7,20 milliards de dinars, ou à 7,9% du PIB. Selon une note rendue publique jeudi 30 juin, intitulée “la situation du secteur extérieur au cours des 5 premiers mois de 2016 et les mesures urgentes nécessaires pour stopper la dévaluation du dinar”, la BCT s’attend à une progression des exportations de biens et services de 3,1%, malgré les difficultés structurelles et ponctuelles qui entravent certains secteurs et notamment les industries extractives et certaines industries manufacturières et les services”.
Les transferts des Tunisiens résidents à l’étranger, devant être réalisés en 2016, restent en deçà des niveaux escomptés pour alléger les pressions sur le déficit courant, malgré une évolution de 5,1%.
Des crédits extérieurs de 7,3 milliards de dinars
La BCT prévoit des financements extérieurs de l’ordre de 7,3 milliards de dinars, sous forme de crédits à moyen et long termes devant être mobilisés pour financer le déficit courant et rembourser le principal de la dette, ce qui va engendrer un accroissement de l’endettement extérieur de la Tunisie à 51,1% du PNB.
La valeur des investissements extérieurs demeurera faible, ne dépassant pas 2 milliards de dinars, en raison du climat d’investissement actuel, qui n’est pas incitatif pour les investisseurs étrangers, souligne la BCT.
Selon les réalisations des cinq premiers mois 2016, qui montrent une baisse des recettes touristiques (-44,6%), et du transport (-14,6%) ainsi que ses recettes du travail (-9,3%), la BCT a considère même que “ce scénario est optimiste”, étant basé sur le programme de réforme du gouvernement qui vise le renforcement du rythme de la croissance et la maîtrise des équilibres macroéconomiques, dont l’équilibre des paiements extérieurs.
Ce scénario, selon la BCT, demeure exposé à une révision vers un processus plus négatif, étant donné que les pressions persistent encore, en raison de la fragilité de la plupart des secteurs exportateurs de marchandises et des services, mais aussi de la non reprise de l’activité économique mondiale, notamment dans la zone Euro, dans un contexte de révisions successives vers la baisse des perspectives de l’économie mondiale par le Fonds monétaire international (FMI).
La Banque centrale souligne que la réalisation des objectifs tracés est un grand défi qui exige une série de mesures pour maîtriser l’aggravation du déficit courant dans la limite de 7,9% du PIB, en réduisant les dépenses en devises étrangères, en baissant les importations et améliorant les exportations.
Si les mesures ne sont pas prises, le déficit courant pourra dépasser le seuil de 10% du PIB, ce qui nécessite des financements extérieurs de près de 2 milliards de dinars. Les résultats de 2016 auront des répercussions importantes sur l’économie au cours de l’année 2017, qui sera exposée à des grandes pressions, avec le remboursement de montants importants au titre du service de la dette extérieure, évalués à 5,5 milliards de dinars dont 4,1 milliards de dinars sont des dettes publiques. Ceci sans tenir compte du renouvellement de l’emprunt obligataire avec le Qatar, d’un montant de 500 millions de dollars.
La mise en œuvre des mesures urgentes permettant de freiner la dépréciation des indicateurs du secteur extérieur nécessite une période d’une année et demi, conclut la BCT.