Du journalisme d’opinion vers le journalisme d’information et pourquoi pas de divertissement. De la nécessité de se donner une politique publique pour le secteur.
Un atelier a été dédié à l’examen des perspectives d’avenir de l’information en Tunisie. Le workshop s’est d’abord attelé à dresser un diagnostic, le plus objectif possible du secteur. Et, ensuite de se livrer à un certain exercice de prospective, qui ne manque pas de réalisme.
La profession est autonome et s’affirme comme tel
Bruno Van Der Pluijm, ambassadeur du royaume de Belgique, soutiendra sans équivoque que l’indépendance de la presse est tout à fait décelable pour le lecteur étranger. Il regrettera toutefois que la couverture radio ne soit pas assurée de manière uniforme sur l’ensemble du territoire. Il déplore de même que les média se cantonnent dans de l’introspection sans chercher à s’ouvrir sur l’international ne serait-ce qu’au niveau du voisinage. Et cela est bien frustrant.
Sadok Hammami, directeur du CAPJC, le rejoindra sur certains points. Il convient qu’il existe une presse écrite de qualité. Il appelle à aller d’un journalisme d’opinion vers un journalisme d’information. Toutefois, il mesure la difficulté de la tâche car lui-même reconnaît qu’il n’existe pas d’industrie de presse. Cela, soutient-il, rend l’innovation éditoriale difficile à réaliser. Et d’ajouter, la presse écrite est agonisante. Comment pourrait-elle rebondir? Un projet d’appui pourrait être financé à l’avenir par l’UE. Il serait d’un bon appoint, pense le directeur du CAPJC qui plaide pour une politique publique de redressement du secteur de sorte à avoir des médias de qualité.
Il nuance son propos, précisant qu’il appelle à un plan de l’Etat pour le développement de la presse.
Quid de la régulation, de l’INRIC à la HAICA, une expérience se construit
Marc Janssen, ancien président de l’audiovisuel belge, dira que la régulation est ce pas fantastique qui fait que la presse échappe totalement au pouvoir politique. Il reconnaît que les nominations des membres du régulateur relèvent du politique. Toutefois, une fois nommés, les membres sont appelés à agir dans l’intérêt national, avec leur propre subjectivité. Et une fois que le secteur se prend en main, sa mission devient multiple. Le régulateur a pour fonction de jouer à l’arbitre garantissant un contenu ni partisan, ni choquant, ni violent. Il doit, par conséquent, veiller à l’indépendance de la ligne éditoriale des média.
Il faut rappeler que son rayon de compétences concerne l’audiovisuel qui se diffuse sur les fréquences nationales, à l’exclusion des satellites et du Web, enfin de la presse écrite qui préserve cette possibilité d’alignement partisan.
De toute façon, rappelle Marc Janssen, la régulation a fini par adopter un standard international. Apparue dans le monde anglo-saxon dans les années 30, elle a fini par être adoptée en Europe, et il existe, en quelque sorte, un référentiel en la matière. Il considère que de l’INRIC, le régulateur d’origine à la HAICA, une expérience nationale est en train de se mettre en place.
Mettre en place les garde-fous
Et c’est au tour de Sadok Hammami de demander à ce qu’on consacre des moyens de contrôle. Il faut pour cela aller vers une séparation de la publicité et des programmes, de même que l’exigent le cahier des charges à l’origine de la HAICA ainsi que les missions internes de cette dernière.
Il appelle notamment à la publication des états financiers des médias de sorte à garantir une transparence générale à l’ensemble du secteur. Il faut bien convenir que l’indépendance financière est la première condition de l’indépendance éditoriale.