Le textile-habillement est un secteur précaire, qui n’est pas au diapason des changements internationaux. C’est ce qui ressort d’une étude qui vient d’être publiée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). Cette précarité est expliquée principalement par la faible compétitivité du secteur qui ne lui permet pas de faire face à la concurrence mondiale, mais aussi par le faible niveau des salaires de la main-d’œuvre formée essentiellement de femmes.
Selon l’étude, le nombre d’entreprises du secteur a fortement chuté, de 2.500 avant 2005, à 1.907 en 2012. Le nombre de postes d’emplois a également régressé, passant de plus que 250.000 avant 2005 à 185.000 en 2012, indique ladite étude réalisée sur un échantillon de 28 entreprises industrielles spécialisées dans le domaine de la confection destinée à l’exportation, réparties sur les différentes délégations du gouvernorat de Monastir et de 260 femmes opérant dans le secteur du textile, notamment dans le domaine de la confection.
La crise dans la zone euro qui a influencé directement la situation du secteur ainsi que la détérioration de la situation sécuritaire et la stabilité en Tunisie notamment après la révolution, a mené plusieurs investisseurs à quitter le pays et à réduire les investissements dans ce secteur, a souligné le FTDES. “Cette situation est expliquée par l’impact du taux de change, notamment avec la baisse continue du cours du dinar contre la devise européenne, étant donné que le total des exportations de ce secteur est destiné à l’Union Européenne”.
Ces défis influencent le marché du travail dans ce secteur et mène les ouvrières à accepter de travailler aux conditions exigées par les employeurs, en violation de leurs droits économiques et sociaux. Le secteur du textile habillement est connu par une dépendance au marché européen, de telle sorte que ce secteur opère pour le compte des distributeurs et grandes sociétés européennes qui spolient les fruits du travail des ouvrières, en leur imposant des conditions de travail dures, au nom de la compétitivité et des règles du marché, a dévoilé cette étude.
La précarité du secteur du textile tunisien et sa dépendance étroite du marché européen expliquent son exposition à tous les changements survenus sur le marché, observés surtout depuis la fin des accords multifibres et la suppression du système des quotas.
Par conséquent, les entreprises tunisiennes ont été obligées de s’ouvrir et de faire face à la concurrence mondiale, notamment sur les marchés asiatiques, avec des conditions sévères. Cette ouverture a frappé de plein fouet la compétitivité du secteur en terme de prix, qui est un facteur déterminant en matière d’attraction des investissements étrangers dans ce secteur.
Les marges bénéficiaires des entreprises ont diminué suite à la baisse continue des prix internationaux des produits du textile de moyenne qualité. Toutefois et en dépit de cette baisse constatée dans l’industrie du textile-habillement, le secteur joue encore un rôle important dans l’économie et dans la société, représentant environ le 1/3 des entreprises industrielles dans le pays qui assurent l’emploi de près de 35,7% du total de la main-d’œuvre dans le secteur de l’industrie.
S’agissant des exportations, cette industrie a généré près de 6,4 milliards de dinars en 2011, provenant des exportations tunisiennes du secteur, soit le ¼ de la valeur globale des exportations tunisiennes, dont la part dans le PIB était, en 2011, de l’ordre de 2,2 milliards de dinars, soit l’équivalent de 20,31% du total du PIB des industries manufacturières tunisiennes.
Le poids du secteur impose au gouvernement de rechercher les moyens de résoudre ses problèmes structurels et conjoncturels, d’améliorer les conditions de vie des ouvrières du textile, tout en oeuvrant à repositionner le textile tunisien sur le marché mondial, en favoriser une meilleure intégration et une montée en gamme de cette filière.