Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, Chawki Tabib, est convaincu que la corruption n’a pas diminué en Tunisie. Au contraire, car selon lui, “s’il continue à ce rythme, le niveau de corruption sous sa forme actuelle risque de saper les fondements de l’Etat et de transformer la Tunisie en pays mafieux”.
“Le cadre juridique de lutte contre la corruption est suffisant mais demeure tributaire de la volonté de l’appliquer”, a-t-il dit au cours d’une conférence organisée à Tunis sur les mécanismes de lutte contre la corruption.
Il y a lieu, a-t-il proposé, de compléter le dispositif législatif pour circonscrire les pratiques de corruption à travers l’élaboration d’une loi qui protège les témoins et les dénonciateurs et lutte contre l’enrichissement illicite.
Il importe également de définir une stratégie de lutte contre la corruption à laquelle seront associés médias, justice et gouvernement.
Il convient aussi, plaide Tabib, de renforcer les moyens de l’instance pour qu’elle puisse s’acquitter au mieux de sa mission.
Pour le juge au Tribunal administratif Ahmed Souab, les formes de corruption pratiquées en Tunisie sont l’évasion fiscale et les fausses déclarations d’impôt qui coûtent à l’Etat environ 50 milliards de dinars.
D’après lui, la justice judiciaire, financière et administrative a échoué dans sa mission de lutte contre la corruption en raison de la faiblesse des moyens déployés pour combattre ce phénomène, de l’absence des compétences et de l’impunité dont jouissent les juges corrompus.
De son côté, le député Hassen Lamari (Nidaa Tounes) a fait le lien entre l’initiative du président Béji Caïd Essebsi concernant le gouvernement d’union nationale et la volonté de combattre la corruption, mettant l’accent sur l’importance de lancer un pacte en Tunisie pour promouvoir les valeurs éthiques.
Organisée par le Centre d’études sur l’islam et la démocratie, la conférence a été l’occasion de discuter des mécanismes efficaces de lutte contre la corruption et de l’impératif d’impulser le rôle des instances concernées : l’Instance de lutte contre la corruption, la Cour des comptes, le Tribunal constitutionnel.