Les eaux stagnantes de la sebkha de Soliman se sont infiltrées dans la plage limitrophe, mardi 12 juillet, ce qui a nécessité une intervention urgente de l’ONAS. La pollution occasionnée à la plage a suscité la colère des baigneurs qui ont manifesté leur mécontentement sur les réseaux sociaux.
L’ONAS a publié, mercredi 13 juillet, un communiqué précisant avoir fourni avec la municipalité de la région des bulldozers et une grue pour rétablir la barrière de sable séparant la sebkha de la plage. L’office assure procéder également au traitement des eaux à la chaux pour les stériliser.
En fait, le problème de la Sebkha de Soliman, inscrite le 7 novembre 2007 à la convention de Ramsar, est assez grave. Dans une déclaration à la TAP, le délégué de Soliman, Abdelkader Jebali, a indiqué que ce plan d’eau était naturellement ouvert sur la mer, “mais depuis 15 ans, suite à une décision prise par la municipalité de l’époque, une barrière de sable est érigée chaque été au niveau du trop plein de la sebkha, pour protéger la plage, ce qui est contraire aux lois de la nature et à la législation”. Et d’ajouter que la station de l’ONAS de Soliman (de la première génération) déverse ses eaux traitées mais non salubres dans cette sebkha, appelant à une mise à niveau technologique de cette station, surtout que les eaux polluées s’infiltrent par voie souterraine vers la mer et la nappe phréatique.
Le délégué a affirmé avoir envoyé une correspondance à la représentation régionale du ministère de l’Environnement de Nabeul et à la direction régionale de l’ONAS pour connaître par écrit les raisons de la fermeture de la sebkha pendant la saison estivale.
La protection de l’écosystème de la sebkha riche en diverses espèces de poissons et d’oiseaux n’a pas été pris en compte, a t-il souligné, précisant que les habitants de Soliman (53 mille) souffrent d’une prolifération inhabituelle des moustiques du fait de l’édification de cette barrière.
De son côté, la présidente de l’association de l’environnement de Soliman, Souad Chatoutti, a soulevé, elle aussi, le problème de la fermeture de la Sebkha de Soliman qui recèle une riche biodiversité, surtout qu’elle est polluée par les eaux de l’ONAS et les eaux provenant de plusieurs usines situées à Bouarada, Grombalia et Soliman.
Elle a appelé à une intervention urgente et radicale des autorités pour résoudre ce problème. Chattouti a mis en exergue l’importance de la Sebkha de Soliman, site de reproduction des oiseaux migrateurs et qui abrite quelque 5 mille flamands roses. Ce plan d’eau s’étend sur 225 hectares. Elle a aussi, évoqué le problème de la décharge temporaire, située à proximité de la sebkha, dont le lixiviat pollue la nappe phréatique.
Selon le site de la Convention de Ramsar (relative aux zones humides d’importance internationale), la sebkha de Soliman est une zone humide d’importance internationale, qui subit une eutrophisation, du fait des apports d’eau de qualité douteuse. Cette zone accueille déjà une grande variété d’oiseaux d’eau, surtout depuis le comblement, pour des besoins urbanistiques, d’une grande partie du Lac de Tunis, située de l’autre coté du Golfe.
D’après le ministère de l’Environnement, la sebkha de Soliman (220 ha) a deux régimes de fonctionnement, un régime hydrologique conditionné par les crues de l’oued El Bey et un régime hydrographique actionné par la marée via la passe qui la relie à la mer. Les eaux ont des concentrations très élevées en éléments nutritifs et les sédiments sont contaminés par des éléments métalliques (Cd, Cu, Ni, Pb et Zn). La sebkha de Soliman joue, toutefois, un rôle très important sur l’autoépuration des eaux usées de l’oued El Bey.