Il n’y aura pas de passage en force; autrement dit, pas de recours à l’armée ou aux forces de l’ordre pour remettre en marche la machine de l’industrie du phosphate, en l’occurrence la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) et le Groupe chimique tunisien (GCT).
Le ministre de l’Energie et des Mines, Mongi Marzouk, ne l’a pas clairement annoncé, mais a laissé entendre, jeudi 14 juillet 2016, lors de la conférence de presse convoquée pour dresser l’état des lieux de l’industrie du phosphate plus de cinq ans après le 14 janvier 2011, mais également présenter le plan de développement des énergies renouvelables et solaires en particulier, et faire le point sur le mécanisme d’application d’ajustement automatique des prix de certains produits pétroliers.
Le deal de Marzouk…
Pour sortir le secteur des phosphates de l’impasse dans laquelle il se trouve, Mongi Marzouk propose en quelque sorte de couper la poire en deux, entre, d’un côté, la population du bassin minier -qui bloque l’extraction, le transport et, partant, la transformation du phosphate-, et de l’autre, celle du reste du pays -qui appelle à une reprise en main «musclée», car vivant très mal le fait que le pays soit privé de l’exploitation de l’une de ses plus importantes ressources, le phosphate, et des revenus qu’il génère.
S’étant visiblement fixé comme objectif suprême –qui figure en tête de son plan d’action- d’obtenir la reprise de la production de phosphate, M. Marzouk met aujourd’hui sur la table un «deal» par lequel il espère donner satisfaction à la fois aux uns et aux autres. C’est-à-dire à la population locale et aux partisans du rétablissement de l’autorité de l’Etat, en général, et dans la région du bassin minier, en particulier.
Afin d’obtenir ce que réclame l’écrasante majorité des Tunisiens, en l’occurrence la reprise de l’exploitation du phosphate, le ministre offre à la population du bassin minier de satisfaire toutes ses revendications en oeuvrant à «réactiver les sociétés d’environnement», «réaliser des projets de développement et à renforcer l’emploi, l’investissement et la responsabilité sociétale», et, enfin, à «trouver des solutions pour fournir l’eau et lutter contre la pollution».
En clair, le ministre de l’Energie et des Mines a visiblement fait le choix, pour rétablir la paix sociale, non seulement de ne pas remettre en question le type de traitement des problèmes socio-économiques de la région –à savoir la création d’emplois fussent-ils peu ou pas du tout productifs- mis en place après le 14 janvier 2011 et validé depuis par les gouvernements successifs.
L’option de recrutements massifs…
En effet, bien que la CPG et le GCT souffrent déjà de sureffectif, M. Marzouk a choisi de grossir encore plus leurs effectifs en procédant au cours de la période 2016-2018 au recrutement de 2.773 agents qui seront répartis entre les deux sociétés -1.700 pour la première et 1073 pour la seconde-, qui viendront s’ajouter aux 625 qui vont être intégrés à brève échéance après avoir passé avec succès un concours dont les résultats ont été dévoilés le 2 juillet 2016.
Ces décisions donnent à penser que le ministre de l’Energie et des Mines considère que le coût financier du sureffectif –fût-il aggravé dans l’immédiat- n’égalera jamais les pertes engendrées par l’arrêt de l’exploitation du phosphate qui, rappelle M. Marzouk, se sont élevées à 5 milliards de dinars au cours des cinq dernières années. Et qu’il nourrit l’espoir qu’une fois l’économie locale diversifiée avec la création de nouvelles activités, il sera possible de procéder au dégraissage progressif de la CPG et du GCT.