Seulement 4,8% de la population tunisienne (entre 18 et 64 ans) ont une activité entrepreneuriale, selon l’étude stratégique sur l’entrepreneuriat en Tunisie, réalisée par le cabinet de consulting “Roland Berger”, pour le compte de la Fondation BIAT.
Le document montre que l’entrepreneuriat est relativement, peu répandu, en Tunisie, par rapport aux pays au développement comparable. Il s’agit du taux le plus bas, après la Russie, dans le groupe des économies basées sur l’efficience.
Cinq obstacles majeurs à la création d’entreprises
L’étude a identifié 5 obstacles majeurs qui se dressent sur la route des entrepreneurs, à savoir le manque d’esprit d’entreprise, de créativité et de maturité des projets, les lourdeurs administratives, l’accès au financement, le déficit d’initiatives de soutien et le manque de compétences et de formation.
En effet, malgré la volonté d’entreprendre, les projets présentés sont souvent inaboutis. L’étude cite à ce propos, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Chiheb Bouden, qui a déclaré que: “les jeunes ne sont pas créatifs et cela conduit à des projets entrepreneuriaux peu innovants et ambitieux.
Cause de ce problème: les jeunes ne connaissent pas grand-chose du terrain et ils ne lisent pas assez”.
Lourdeurs administratives…
En outre, les délais d’obtention de papiers officiels sont trop longs et pénalisent les entrepreneurs, qui ne peuvent pas se permettre d’attendre, en particulier, quand il s’agit d’innovation.
Les délais d’obtention d’un crédit bancaire, auprès de la BFPME, peut prendre 18 mois, voire plus, selon l’étude de la BIAT. “Les crédits nécessitent des garanties que la plupart des entrepreneurs ne sont pas en mesure de fournir, impliquant qu’un certain nombre de projets ne voit jamais le jour.
Les délais de blocage aux douanes pour importer des biens, sont très variables et peuvent être réellement, pénalisants et la non-convertibilité de la monnaie et l’interdiction de posséder un compte à l’étranger, sont de réels problèmes pour les entrepreneurs qui visent les marchés étrangers”.
Retard de la Tunisie par rapport…
L’accès aux financements reste le point d’achoppement principal pointé par les experts. La Tunisie est en retard par rapport à ses voisins, en matière d’accès aux financements pour les PME. 24% des échecs d’entreprises sont liés à la difficulté à trouver des financements.
En matière d’appui à la création d’entreprises, “la grande majorité des initiatives de soutien à l’entrepreneuriat a été créée, depuis moins de 5 ans, et les fonds alloués sont voués à disparaitre à moyen terme.
Le territoire tunisien est inégalement desservi en termes d’appui à l’entrepreneuriat: les initiatives publiques sont quasiment les seules à agir dans les régions de l’intérieur et leur efficacité est parfois contestée”. “Malgré le taux de chômage élevé parmi les jeunes diplômés, les entreprises ont du mal à trouver les personnes qualifiées pour leurs postes à pourvoir, du fait de l’inadéquation des profils et des compétences.
L’enseignement déconnecté des priorités de l’entreprise
Les cours sur l’entrepreneuriat dispensés dans les facultés sont souvent trop théoriques et peinent à susciter des vocations, car les enseignants ont rarement, une expérience de ce qu’est l’entrepreneuriat”.
Une partie du besoin en financement est assez mal couverte par l’offre actuelle, notamment pour les projets de taille moyenne, trop petits pour être des projets industriels rentables mais plus complexes que des projets traités par le microcrédit. Réseau limité pour les entreprises tunisiennes. Les entrepreneurs tunisiens ont un réseau généralement, limité à leur sphère privée (parents et amis).
L’importance d’un réseau…
L’étude montre que plus le réseau est large et diversifié, plus le processus de création d’entreprise a des chances d’être un succès. Le promoteur doit pouvoir s’appuyer sur plusieurs réseaux à savoir les parents, le réseau du travail (collègues et business mentor), le réseau business (collaborateurs, fournisseurs et clients…) et le réseau professionnel (avocats, comptables et banquiers…).
Les entrepreneurs tunisiens sont le plus souvent, des hommes (73%), âgés entre 25 et 44 ans. Malgré l’existence d’une quasi-parité au moment de la création de l’entreprise, le taux de survie des entreprises créées par des femmes est plus bas, que celles créées par les hommes. Selon l’étude, la création des entreprises en Tunisie est principalement, tirée par le secteur des services notamment ,le commerce et le transport/entreposage.
13% seulement…
En effet, parmi les 3,4 millions d’actifs occupés en Tunisie, 52% travaillent dans le secteur des services. Les entreprises en Tunisie sont majoritairement unipersonnelles, avec, aussi, des micro-entreprises qui emploient moins de cinq salariés. 13% seulement des entreprises emploient plus de 5 salariés. Taux de survie bas pour les micro-entreprises.
Parmi les entreprises créées en 2000, moins de 50% étaient encore en activité en 2013, notamment dans le secteur du commerce, vu que les micro-entreprises dans ce secteur sont très vulnérables.
Taux de survie des entreprises dans les régions…
Dans les régions de l’intérieur, les taux de survie des micro-entreprises (qui proposent souvent des services à destination des ménages), sont les plus bas, vu que la demande solvable des ménages est plus restreinte. “Les déclarations de cessation d’activité ne sont pas faites pendant la même année de l’arrêt effectif de l’entreprise, puisque 25% des cas de cessation sont déclarés, après plus de 2 années”, ce qui complique l’établissement de statistiques précises dans le domaine.
A noter que l’étude s’est basée sur la réalisation de plus de 30 entretiens avec des acteurs de l’écosystème entrepreneurial tunisien et international et la capitalisation de la documentation existante sur l’entrepreneuriat en Tunisie.