Le chef du gouvernement, Habib Essid, a indiqué, dans une interview exclusive avec les quotidiens “Essahafa” et “La Presse”, publiée dimanche 24 juillet, qu'”il n’a jamais couru derrière le poste de chef de gouvernement et qu’il ne s’attache pas au pouvoir”. Et il précise: “J’ai insisté à passer par l’Assemblée des représentants du peuple par respect à la Constitution et au citoyen tunisien” et pour que “mon départ de la présidence du gouvernement soit en conformité avec les dispositions de la Constitution”.
En ce qui concerne l’initiative de la formation d’un gouvernement d’union nationale, Essid a indiqué que “dans des circonstances pareilles, il aurait mieux fallu soutenir le gouvernement et non le changer”.
Le chef du gouvernement reproche au président de la République, Béji Caïd Essebsi, “de ne pas l’avoir informé de son intention de lancer une telle initiative”, qui le touche directement, ce qui a “brisé l’harmonie qui existait entre eux”.
Béji Caïd Essebsi partira après les municipales…
Habib Essid souligne aussi que le président de la République “sait très bien qu’il n’a aucune intention de rester jusqu’à la fin du mandat et a toujours cru qu’il devait partir au plus tard après les élections municipales qui pourraient redessiner le paysage politique et redéfinir l’équilibre des forces, et auraient donc nécessité un changement au niveau du gouvernement”.
“La deuxième chose que je n’ai pas pu accepter, c’est le timing qu’il a choisi pour annoncer cette initiative. Le contexte n’est pas favorable ni sur le plan sécuritaire ni sur le plan social. Sur le plan économique, nous avons commencé à voir les signes d’une reprise et d’une sortie de crise. Et donc cette initiative risque d’avoir des effets contreproductifs, ce que je ne souhaite pas” a fait savoir Essid.
A propos de sa relation avec le chef de l’Etat, Essid assure qu’il y a un respect mutuel. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de désaccord sur certains points qu’ils ont pu résoudre par le dialogue.
Par ailleurs, il a indiqué que les liens ont été excellents avec l’ARP tout au long des dix huit mois derniers. “Au départ, il y a eu un peu d’hésitation et quelques blocages au niveau du traitement des projets de loi que nous avons proposés”, a-t-il reconnu, précisant qu'”il en garde aussi de tristes souvenirs dont surtout la loi sur le statut de la BCT (Banque centrale de Tunisie) qui a failli être rejetée. Le processus d’adoption a été trop compliqué, a pris beaucoup de temps et a mis en évidence le peu de soutien dont bénéficie le gouvernement”.
Essid a également souligné qu’il “est à la tête d’un gouvernement composé de quatre partis politiques ayant une culture, une idéologie et une vision différentes même au niveau économique et social. De plus, ces partis n’ont pas le même poids ni la même présence sur le terrain. Ce n’était donc pas facile de rapprocher leurs points de vue et leur perception de la nouvelle Tunisie.
“Néanmoins, j’ai tout fait pour garder la même distance et de les traiter sur un pied d’égalité a-t-il signalé ajoutant que son bureau était, également, ouvert aux différents partis politique” . “Certains partis politiques ne se sont intéressés qu’aux nominations et toute leur pression s’est focalisée sur ce point, ce que j’ai refusé et que je refuse”, a-t-il relevé. “C’est, peut-être, à cause de ce malentendu, que ma relation avec ces partis s’est détériorée” a-t-il indiqué.