Beaucoup de Tunisiens se rappellent de ces images choquantes d’écoliers ruraux qui déclaraient ne pas pouvoir se rendre à leurs établissements les jours des intempéries et autres crues des oueds. Ces images hyper-médiatisées tout le long de l’année sur les ondes des radios et dans les chaînes de télévision locales avaient beaucoup touché les citoyens.
Une telle situation est inacceptable 60 ans après l’accession du pays à l’indépendance. Pour y remédier, l’Etat n’a pas, objectivement, les moyens financiers requis pour aménager et bitumer toutes les pistes menant aux écoles rurales du pays. C’est un investissement public trop lourd.
Néanmoins, cette contrainte n’a pas empêché le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, Mohamed Salah Arfaoui, de lancer l’idée d’un programme national pour atténuer la précarité du phénomène. Ce programme consiste en l’édification sur tous les oueds infranchissables en période de crues de ce qu’il appelle des «passages busés».
Il s’agit d’ouvrages constitués d’au moins un conduit transversal, généralement fait de béton ou de métal, laissant circuler l’eau sous une route, une voie ferrée ou une autre structure.
On ne peut que saluer un tel programme, surtout lorsqu’on est un ancien écolier ayant fréquenté, durant les années soixante, une école rurale localisée dans les montagnes de Kroumirie et ayant eu à traverser, tous les jours et dans la terreur absolue, deux terribles oueds constamment en crues à la faveur de moyens rudimentaires, voire par la force des bras d’une chaîne humaine constituée de nos pères et grands frères.
C’est donc une innovation développementale majeure digne des nobles objectifs de la révolte du 14 janvier 2011, et surtout de ceux de la discrimination positive prévue dans la nouvelle Constitution en faveur des zones à dominante rurale.