Les réactions d’un lion blessé sont imprévisibles. Quels que soient les motifs, un PM n’est pas un kleenex qu’on jette après usage! Alors que le cave se rebiffe et que cet homme -qui a servi l’ETAT depuis 30 ans en silence, a toujours répondu présent à l’appel de la nation, et qui, depuis presque deux années, entouré d’une équipe qu’il n’a pas choisie- est quand même un économiste averti doublé d’un agronome expérimenté.
Il est passé par les deux plus grands ministères tunisiens, l’AGRICULTURE et l’INTERIEUR, lesquels occupent le terrain jusqu’aux limites des zones réservées aux militaires lesquels, depuis son arrivée, font un ratissage et un travail exceptionnel.
Mais -il y a un mais- chez ce genre de personnage, il n’y a pas de place pour la politique politicienne, et pour des raisons que la raison ignore, il s’est trouvé propulsé aux premières loges d’un système qui n’aurait pas pu trouver l’homme idoine après les années de gestion catastrophiques d’une Troïka défaillante…
Entre le marteau et l’enclume, était-il conscient du challenge et des risques encourus entourés par un NIDAA au bord de l’implosion, une NAHDA qui cherche à se refaire une virginité, un AFAK opportuniste et bardé de diplômes, et un UPL pour lequel tout n’a qu’un prix quelle que soit sa valeur?
Incontestablement, il a commis des erreurs d’appréciation, mais à mon sens pas de fautes: il est venu gérer un pays devenu ingérable et où BCE qui, avec son génie politique et surtout les appuis d’Outre-mer et essentiellement algéro-germano-américains, a réussi à calmer les ardeurs du gourou qui se voyait déjà calife!
Mais avec tout le respect que je dois a BCE, pour des raisons encore incompréhensibles, le MARZOUK claqua la porte et le tenancier se fit porter aux nues par un colleur d’affiches et un marchand de bananes. Du coup, le paysage politique se dégrada malgré le PRIX NOBEL, les succès militaires et sécuritaires, le début de calme relatif en LIBYE, et surtout un Premier ministre au-dessus de tout soupçon qui ne jugea même pas utile de changer son mobilier quand il recevait chez lui la patronne de l’UTICA qui devait se sentir horrifiée par la pauvreté de cet environnement!
Quand on y ajoute des jeunes loups aux crocs bien affutés, ce fonctionnaire qui parlait si peu commençait à faire de l’ombre et on chargea d’abord un bon journaliste DE FAIRE SON SHOW et de lancer l’offensive. Puis on mit en évidence des évidences, on lui colla sur le dos des décisions de certains de ses collaborateurs à l’image du choix de DSK comme super sauveur de l’économie et bien d’autres aberrations dont la liste serait aussi longue qu’une vis sans fin…
Pendant que les attaques de tous bords fusaient, placide comme à son habitude, il faisait son travail comme si rien n’était jusqu’au jour fatidique où BCE, également pour des raisons encore peu évidentes, lui signifia son congé. Depuis, il se mit à parler, parler, parler plus de mots et de phrases que depuis son arrivée. Bien conseillé et obéissant à la logique mathématique des votes, il exigea de repasser par le point de départ pour que le “ESSIDEXIT“ devienne effectif.
Et là, sous la coupole, la deuxième République parlementaire de surcroît serait mise à dure épreuve, car ce vote est celui de tous les risques, étant donné que chaque vote a une conséquence directe.
Du coup, imaginons quelques scenarios en fonction des votes probables et des alliances possibles et surtout leurs conséquences à court et moyen termes.
Premier scénario: Si ENNAHDHA et NIDAA se mettent d’accord, ESSID se retrouve dehors; mais ENNAHDA se retrouve dedans et bien installée malgré une société civile, donc il y aura un rejet massif de ces deux structures, et MARZOUK va essayer de reprendre du poil de la bête
Deuxième scénario: Si NIDAA dit non et ENNAHDA dit oui, un peu d’opportunisme de MARZOUK ET HAMMA font que ESSID ne les oubliera pas! Mais ENNAHDHA ne sera pas prête de céder sa place avec toutes les conséquences que cela peut avoir.
Troisième scénario: Si NIDAA dit oui, il faudra convaincre en plus MARZOUK ET HAMMA quelques indépendants pour que ESSID reste, etc.
Dans tous les cas de figures, qu’il parte ou qu’il reste, ESSID est gagnant et NIDAA perdant; ENNAHDHA améliorera ses positions, n’aura plus que MARZOUK comme vis-à-vis. Quant à la poussière de partis –AFAK et UPL–, ils quitteront le paysage, car la traîtrise ne pardonne pas et l’homme propre et sain reviendra sur le devant de la scène, après avoir ruminé ses échecs et sera un peu plus armé pour nettoyer la place et reprendre du poil de la bête. Et si c’était l’objectif inavoué de BCE? DIEU SEUL SAIT!