J’ai rencontré, ces jours-ci, par hasard dans une grande surface, un bon ministre du gouvernement Habib Essid –hé oui il en existe, que cela déplaise à certains. J’ai saisi l’opportunité pour l’interpeller sur ce qui n’a pas marché dans le gouvernement Habib Essid. Le ministre, qui a tenu à garder l’anonymat, a indiqué que la grande faiblesse du gouvernement Essid a été, entre autres, le fait que la plupart des ministres n’étaient pas préparés à assumer des responsabilités ministrables.
Pour lui, un grand nombre de ses collègues ignorent tout des spécificités de leur département, de leur personnel et des limites de leur responsabilité.
Toujours selon lui, ils ont brillé, également, par leur méconnaissance scandaleuse des procédures à suivre pour l’allocation des crédits et pour la gestion des appels d’offres.
D’autres se sont distingués par leur méconnaissance des régions du pays. Ils ont mis à profit leur nomination aux postes de ministres pour visiter, pour la première fois de leur vie, des régions économiques comme le centre-ouest, notamment Sidi Bouzid, Kasserine…), le sud du pays (Tataouine…) et le nord-ouest (Le Kef, Jendouba…).
Point d’orgue de cette méconnaissance de l’arrière-pays, des ministres sont allés jusqu’à proposer dans le cadre de conseils ministériels la création d’une usine de conserves de poisson à Kairouan tandis que d’autres ont suggéré de créer des centrales laitières à Tataouine.
Certains ont eu cette légèreté assassine à promettre des choses et projets qu’ils ne peuvent pas réaliser. On avait l’impression que, pour eux, être ministre en cette période de transition était plus un show médiatique, voire beaucoup un jeu de mode qu’un enjeu.