Sentiments mitigés. Ces deux mots résument l’état d’esprit des entreprises allemandes installées en Tunisie sur les conditions dans lesquelles elles y ont opéré en 2015, ainsi que cela ressort de la derniere enquete annuelle en date menée par la Chambre Tuniso-Allemande de Commerce et d’Industrie, et dont les résultats ont été dévoilés jeudi 21 juillet 2016.
Sentiments mitigés, parce que les chiffres le sont aussi. Certes, 44,4% des entreprises -soit la même proportion qu’en 2014- ont enregistré une légère augmentation (de moins de 10%) et 11,1% autres ont vu leur chiffre d’affaires faire un bond de plus de 10% (contre 8,7% en 2014).
A l’inverse, le taux des entreprises dont le chiffre d’affaires a baissé -presque doublé-, passant de 17,3% en 2014 à 32,2% en 2015.
Toutefois, à cette aune-là tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. L’électrotechnique performe mieux que le textile. En effet, 15,4% (13,3% en 2014) des entreprises du premier secteur ont enregistré une hausse de plus de 10% de leur chiffre d’affaires, alors que pour près de 60% des entreprises du secteur textile la progression du chiffre d’affaires a été inférieure à 10% (41,5% en 2014).
L’écart entre les deux secteurs est également important pour ce qui est de la baisse du chiffre d’affaires. 11,5% des entreprises du secteur électrotechnique se sont trouvées dans ce cas de figure (0% en 2014), contre 37,5% dans l’industrie du textile (31,7% en 2014).
Outre ces chiffres globalement moins reluisants qu’en 2014, les entreprises allemandes se plaignent aussi des conditions dans lesquelles elles ont opéré en 2015. Durant l’année écoulée, les causes du mécontentement de ces entreprises ont été dans l’ordre: la situation sociale (76,7%), la réglementation excessive et la rigidité administrative (68,9%), et l’incertitude politique (67,8%).
La perception de l’impact négatif de ces facteurs diffère d’un secteur à un autre. Par exemple, la situation sociale –un fait autour duquel il y a une totale unanimité- est perçue comme une entrave davantage chez les entreprises textiles (81,3%) et électrotechniques (65,4%).
L’impact de l’incertitude politique est davantage ressenti chez les entreprises électrotechniques (92,3%) et textiles (65,6%).
Mais, souligne le rapport, «depuis la révolution, l’insécurité générale est devenue le facteur négatif le plus souvent cité. En comparaison avec l’enquête précédente, le taux des entreprises ayant mentionné l’insécurité comme facteur négatif est passé de 56% en 2014 à 70% en 2015».
Et ce n’est pas tout, puisque les lourdeurs et les problèmes administratifs sont une autre source de soucis. Selon le rapport de la Chambre tuniso-allemande d’industrie et du commerce, ils sont entrés «pour la première fois dans le top 3 des facteurs négatifs». En 2015, 42% des personnes interrogées ont cité ce facteur, contre 31% en 2014.
Là encore, la perception n’est pas partout la même. 71,9% entreprises du secteur textile sont insatisfaites de l’évolution des coûts de travail, contre seulement 26,9% des sociétés électrotechniques. A l’inverse, 57,7% des entreprises de ce secteur rencontrent des difficultés avec les administrations et les procédures d’autorisation, et seulement 18,8% des entreprises textiles sont confrontées à ces mêmes difficultés.
Bref, si le moral des entreprises allemandes opérant en Tunisie n’est pas encore dans les chaussettes, il n’en est plus très loin.