Lorsque le président de la République, Béji Caid Essebsi, avait présenté, en 2015, son projet de loi sur la réconciliation économique et financière, il avait prétendu qu’il n’avait pas pu prendre cette initiative qu’après avoir consulté les meilleurs juristes du pays, en l’occurrence Sadok Belaid, Iyadh Ben Achour, Ferhat Horchani, Ghazi Ghrairi, Slim Loghmani, et le bâtonnier Mohamed Mahfoudh.
Ces derniers avaient, à l’époque, avalé la pilule et n’avaient pas osé expliquer à l’opinion publique leur implication dans ce dossier. Apparemment, ils ont été mis dans l’embarras.
Une année après sa mise en sourdine suite aux réactions hostiles de l’opposition et surtout de la société civile, le projet a été relancé par la présidence de la République en cette période de démobilisation estivale et l’a soumis de nouveau au Parlement pour adoption avec la complicité du président de l’Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur. Ce dernier a priorisé ce projet de loi alors que d’autres beaucoup plus importants sont toujours en instance, tel que le projet sur la loi électorale en prévision des municipales qui ont trop tardé.
La commission parlementaire de la législation générale, qui a eu à examiner le projet de loi, a invité le doyen Sadok Belaid pour donner son avis. Les députés membres ont été surpris par le point de vue du doyen, sensé selon BCE être co-auteur de ce projet.
Sadok Belaid a eu le courage de se débarrasser de l’embarras dans lequel il avait été mis par le président de la République. Il a tout simplement tiré à boulets rouges sur ce projet de loi, dénonçant sa non-constitutionnalité comme l’avait fait avant lui, le 24 octobre 2015, la Commission de Venise, la plus haute instance internationale spécialisée dans la transition démocratique.
Pis, Sadok Belaid a qualifié ce projet de «legs de l’ancienne ère», allusion au régime de Ben Ali et relevé que celui qui l’a rédigé est un novice, «un poujadi» pour reprendre ses termes. Il a appelé à son retrait et à son abandon pur et simple.