Tunisie – Gouvernement : Youssef Chahed est-il l’homme qu’il faut?

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Avec le –possible- choix de Youssef Chahed comme successeur de Habib Essid, la Tunisie a, pour la première fois en 60 ans, un chef de gouvernement ayant moins de 50 ans. Une véritable révolution dans un pays dont les trois plus hauts personnages de l’Etat (président de la République, chef du gouvernement et président de l’Assemblée des représentants du peuple) ont un âge moyen de 78 ans, et qui de ce fait rappelle étrangement l’Union soviétique des années 80 du siècle dernier, où l’on annonçait à l’époque assez régulièrement la nomination à de hautes responsabilités de «jeunes» de 70, voire 75 ans.

Dès l’annonce de son nom, le 1er août 2016, comme possible successeur de Habib Essid, bon nombre de Tunisiens se sont posés la même question: est-il l’homme qu’il faut pour occuper le poste de chef du gouvernement dans cette phase très difficile de la vie politique, économique et sociale du pays?

La réponse à cette question dépend de deux facteurs: d’abord, les qualités intrinsèques du nouveau chef du gouvernement, et, ensuite, la marge de manœuvre que le président Béji Caïd Essebsi voudra ou ne voudra pas lui concéder.

Sur le premier point, Youssef Chahed paraît plutôt bien armé. En plus de sa jeunesse, il a en effet un profil et un parcours a priori rassurant. Diplômé en agronomie, agroéconomie et économie de l’environnement et des ressources naturelles (Institut national agronomique de Tunisie, Institut national agronomique Paris-Grignon), quadrilingue, le nouveau chef du gouvernement a eu, jusqu’en 2015, une carrière d’enseignant universitaire –en France, mais également au Japon et au Brésil, en tant que professeur visiteur- et d’expert international -en agriculture et en politiques agricoles- auprès d’institutions internationales.

Entrée en politique après le 14 janvier 2011, Youssef Chahed, qui a participé à la fondation du parti Al Joumhouri avant de rallier Nidaa Tounes, est entré au gouvernement au moment de la formation de celui dirigé par Habib Essid en février 2015, en qualité de secrétaire d’État chargé de la Pêche, auprès du ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, et de décrocher un portefeuille ministériel du remaniement du 12 janvier 2016, pour devenir ministre des Affaires locales.

Mais ses diplômes et son cursus professionnel sont-ils un gage de compétence dans ses nouvelles fonctions? Bien évidemment, non. Il lui faudra en plus prouver qu’il possède, outre le charisme nécessaire à ce genre de poste, tout ou partie de ce qu’on appelle les «soft skills», ces compétences «douces» dont le leadership, la communication, etc.; et qui ont cruellement fait défaut à son prédécesseur.

Tout cela est nécessaire mais pas suffisant pour que Youssef Chahed réussisse dans ses nouvelles fonctions. Il lui faudra –deuxième facteur conditionnant la réussite du nouveau chef du gouvernement dans sa mission- obtenir du président Béji Caïd Essebsi dans l’exercice de ses fonctions de pouvoir exercer pleinement les pouvoirs que la Constitution du 14 janvier 2014 lui confère. Ce que le «vieux» de Carthage –qui aime et veut «exercer le pouvoir seul»- n’a pas voulu concéder au chef du gouvernement sortant (Tunisie – Politique: Habib Essid est-il seul responsable de son échec?).