Le chef du gouvernement désigné, Youssef Chahed, a déclaré vendredi 16 août que le gouvernement d’union nationale est nécessaire pour faire face aux difficultés à venir. “L’intérêt de la patrie doit être placé au dessus de nos différences idéologiques. Aujourd’hui, la Tunisie a plus que besoin d’unité nationale”.
S’exprimant à la séance de vote de confiance au gouvernement, à l’hémicycle du Bardo, Youssef Chahed a affirmé que le gouvernement d’union nationale est le cadre idoine pour surmonter les difficultés. Il a affirmé le souci de garantir la solidarité gouvernementale. “Certains s’attendaient à ce que mon cabinet soit une simple coalition entre les partis politiques. Je n’ai pas opté pour ce choix… Ce gouvernement regroupe des représentants de la majorité des familles politiques et des compétences nationales indépendantes”, a-t-il tenu à préciser. Et d’ajouter: “Cette équipe ressemble à la Tunisie dans sa différence, sa pluralité et la multiplicité de ses visions”.
Passant en revue le plan d’action du gouvernement et ses priorités, il a indiqué qu’un programme exceptionnel sera mis en œuvre pour surmonter la crise que connait le pays, en se focalisant sur les principaux points contenus dans le “Document de Carthage”, parallèlement à la conception d’un nouveau modèle de développement.
Au cours de la prochaine étape, les efforts seront axés sur cinq priorités dont en premier lieu la guerre contre le terrorisme, a-t-il soutenu. Chahed s’est engagé, dans ce sens, à promulguer avant la fin de l’année en cours, la loi relative à la prise en charge matérielle et psychologique des enfants des martyrs, parmi les forces de la sécurité intérieure et l’armée, victimes d’actes terroristes. L’Etat prendra en charge ces enfants jusqu’à l’âge de 21 ans, a-t-il promis.
Youssef Chahed s’est également engagé à réviser le dispositif législatif et réglementaire pour assurer une protection optimale des agents de sécurité pendant l’accomplissement de leur mission, à fournir tous les moyens propres à renforcer les capacités des institutions sécuritaire et militaire, développer les appareils de renseignement et parfaire la coordination entre les différentes parties intervenantes et lutter contre la contrebande eu égard à son rôle dans le financement du terrorisme.
Il s’agit aussi de mettre en place un programme “ambitieux” pour le développement des zones frontalières et de révéler la vérité sur les assassinats politiques, dont en premier lieu l’assassinat des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
La deuxième priorité du gouvernement consiste, a-t-il dit, à lutter contre la corruption. Il sera, ainsi, procédé à la définition de la mission, des compétences et du domaine d’intervention du gouvernement et de l’Instance nationale de la lutte contre la corruption qui sera consolidée par de nouvelles ressources humaines et matérielles.
Il s’agit, aussi, a-t-il ajouté, de renforcer les mécanismes de contrôle du gouvernement et des différentes instances spécialisées en la matière. Il a invité le ministère de la Justice et le ministère public à accorder la priorité absolue aux dossiers de corruption, s’engageant à proposer, dans les plus brefs délais, les textes juridiques relatifs à la lutte contre la corruption, dont la loi organique portant création de l’Instance de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, la loi sur l’enrichissement illicite, les conflits d’intérêt et la protection des dénonciateurs de la corruption.
Chahed a, en outre, indiqué que d’ici fin 2016, l’Instance nationale de lutte contre la corruption sera, dans une première phase, dotée de dix bureaux régionaux avant l’installation d’autres sections réparties sur l’ensemble des gouvernorats. Dans ce sens, il a souligné qu’une fois la confiance votée par le Parlement, tous les membres du gouvernement feront la déclaration de leurs biens dans un délai ne dépassant pas deux semaines.
Sur un tout autre plan, Youssef Chahed a assuré qu’il fera de la culture un secteur majeur et de référence qui encourage la création et garantit la liberté et la dignité. Il a annoncé que des espaces dédiés à la jeunesse seront créés, en plus de la réhabilitation des maisons de jeunes. “Il est inconcevable que ces institutions continuent à accueillir les jeunes du 21e siècle avec des moyens datant des années 80 et 90”, regrette-t-il.
Abordant le secteur des médias, Youssef Chahed s’est engagé a organiser les décrets-lois 115 et 116 dans une loi, de concert avec les professionnels du secteur. Il a promis de soutenir l’action des instances de régulation dans l’audiovisuel et la presse écrite et électronique, outre l’organisation de la publicité publique.