Le chef du gouvernement désigné, Youssef Chahed, a souligné qu’il est de son devoir de dire au peuple la vérité sur la situation difficile prévalant dans le pays depuis les cinq dernières années, marquées par la progression du taux de chômage et la marginalisation continue de plusieurs régions, quartiers populaires et catégories démunies.
Il a indiqué, dans un discours prononcé vendredi 26 août à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), lors d’une séance plénière consacrée au vote de confiance au gouvernement d’union nationale, que cette situation a engendré une baisse de confiance du peuple en l’Etat et le désespoir de plusieurs franges de la société. Mais Chahed estime que tout un chacun est responsable de cette situation, allant de la classe politique, à la société civile, l’administration et la presse.
Le citoyen ne déploie aucun effort au travail
Chahed a fait remarquer que la Tunisie a réussi la transition politique et démocratique sauf que les tergiversations de la classe politique ont impacté la situation économique et sociale dans le pays, ajoutant que le citoyen ne déploie aucun effort au travail, outre le rechignement des hommes d’affaires à investir, notamment dans les régions intérieures, la prolifération de la corruption et du népotisme ainsi que la crise des valeurs que le pays a connus.
Il précisera que l’instabilité régionale, le terrorisme et la crise économique que traversent les principaux partenaires économiques ont contribué à aggraver la situation précaire que la Tunisie vit.
1,5% de croissance…
Il a également cité la régression de la production de certains secteurs économiques, tels que ceux du phosphate dont la production a baissé de 60%, des hydrocarbures et du tourisme, d’où le faible taux de croissance enregistré au cours des cinq dernières années pour s’établir à 1,5%, assurant qu’un point de croissance permet de créer entre 15 et 20 mille emplois. Cette baisse de création d’emplois, a-t-il dit, a entraîné le recours au recrutement dans la fonction publique qui a atteint 112.000 nouveaux fonctionnaires compte non tenu des recrutements dans les entreprises publiques. Ces recrutements ont entraîné une augmentation de la masse salariale, qui est passée de 6,7 milliards de dinars en 2010 à 13,4 milliards de dinars à fin 2015.
Les dépenses de l’Etat, qui ont dépassé les recettes, ont entraîné un déficit du budget de l’Etat, incitant le gouvernement à l’emprunt massif et par conséquent au fort endettement du pays qui a atteint 56 milliards de dinars en 2016 contre 25 milliards de dinars en 2010, soit 62% du PIB.
1,65 milliard de dinars d’augmentation de salaires en 2016
Après avoir évoqué le déficit du budget de l’Etat qui est passé de 3,6 à 6,5 milliards de dinars, Chahed a mis l’accent sur le déficit de la balance extérieure des paiements causant une baisse de 25% de la valeur du dinar au cours des cinq dernières années. D’où, a-t-il affirmé, le recours à l’emprunt pour combler le déficit budgétaire, financer les projets et les dépenses de l’Etat en s’adressant notamment au Fonds monétaire international (FMI), sachant que l’Etat s’est engagé à une augmentation des salaires au cours de l’année 2017 d’un montant de 1,615 milliard de dinars et prévoit un taux de croissance n’atteignant dans le meilleur des cas que 1,6% l’année prochaine.
Cette situation, qui s’est aggravée en l’absence d’une fermeté de l’Etat, exige de prendre les mesures qui s’imposent, d’adopter une politique d’austérité, de réduire les dépenses de l’Etat et de licencier des milliers de fonctionnaires, a averti Chahed.
L’Etat sera, par ailleurs, obligé d’augmenter les impôts tant sur les entreprises que les particuliers et d’arrêter les projets d’infrastructure de base.
L’initiative du président de la République de former un gouvernement d’union nationale s’inscrit dans ce cadre, d’où la nécessité placer l’intérêt national au dessus des différends afin de faire face aux prochaines difficultés, soulignant que la situation exceptionnelle nécessite un programme exceptionnel.