Tunisie – Politique : L’Etat veut-il réellement combattre la corruption?

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Combattre la corruption. Tel est l’objectif clamé par les gouvernements successifs depuis le 14 janvier 2011 et réaffirmé récemment à l’occasion du dialogue visant à former le «gouvernement d’union nationale» dont la composition a été révélée le 20 août 2016 par son chef désigné, Youssef Chahed.

La plateforme politique élaborée et signée à cette occasion par neuf partis politiques et trois organisations nationales -baptisée «Déclaration de Carthage»-, sur laquelle la formation de ce nouveau gouvernement se fonde et dont il va devoir concrétiser le contenu, cite en effet «la lutte contre la corruption et l’instauration des fondements de la bonne gouvernance» à l’alinéa 3 du point 4 concernant les priorités.

Puis, dans sa première déclaration de chef de gouvernement désigné, le 3 août 2016, ce dernier est même allé plus loin sur ce thème en réaffirmant que «Déclarer la guerre contre la corruption et toutes les personnes corrompues» constitue l’une de ses cinq –elle figure en deuxième position- priorités.

Eviction du “monsieur anticorruption“…

Toutefois, les premiers actes n’ont pas suivi ces paroles. Bien au contraire, l’impression que donne aujourd’hui l’exécutif –présidence de la République et présidence du gouvernement- est qu’il va refaire à reculons le chemin parcouru durant l’année écoulée en matière de lutte contre la corruption, notamment grâce à l’action menée par Kamel Ayadi à la tête du ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption. Au moins deux faits corroborent et attestent ce constat.

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Le premier tient justement au sort réservé à Kamel Ayadi. Si réellement la lutte contre la corruption était une priorité des pouvoirs publics, ce ministre aurait dû être maintenu à son poste pour lui permettre de parachever l’action qu’il a entamée.

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Le second fait, au moins tout aussi important et révélateur de la nouvelle orientation, est la disparition de la mention «lutte contre la corruption» dans l’appellation du ministère dont Abid Briki va prendre les manettes à la place de Kamel Ayadi, et qui n’est plus que le «ministère de la Fonction publique et de la Bonne gouvernance».

Conséquence de l’amputation “lutte contre la corruption“…

Passée sous silence, cette «amputation» est lourde de sens et de conséquences. Certes, elle pourrait être décryptée comme un simple aménagement «technique», dont Chawki Tabib a été le défenseur le plus zélé.

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En effet, le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) est récemment monté au créneau pour demander le «démantèlement» du ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption au motif qu’il fait double emploi avec l’instance qu’il dirige. Ce qui n’est pas vrai, puisque ce ministère a essentiellement une mission préventive et pédagogique –en vue de diffuser dans le pays les principes de transparence et de bonne gouvernance-, et que la lutte contre la corruption qui constitue la raison d’être de l’INLUCC n’en constitue qu’une infime partie.

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En réalité, la disparition de la mention «lutte contre la corruption» dans le nom du ministère encore dirigé pour quelques jours par Kamel Ayadi est le signe d’un désintérêt total pour ce combat. Et la preuve en est administrée par le dossier et le litige le plus lourd de conséquences, en l’occurrence celui de la Banque Franco-Tunisienne (BFT), qui continue à être gérée par les pouvoirs publics d’une manière qui sert les intérêts particuliers –notamment ceux des gros bonnets à qui on veut permettre, par le projet de liquidation, d’éviter de rembourser les centaines de millions de crédits contractés- au détriment de ceux du pays.Â