Un conseil de haut niveau aura lieu d’ici la fin de l’année entre le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, et le Premier ministre français, Manuel Valls, en présence de leurs ministres respectifs.
Manuel Valls a annoncé la rencontre lors du discours prononcé à l’occasion de l’inauguration de la Foire européenne de Strasbourg, vendredi 2 septembre. Il en a aussi profité pour parler de l’importance des relations de la France avec la rive sud de la Méditerranée en général, et la Tunisie en particulier. «La Foire européenne a pour invitée d’honneur cette année la Tunisie. La ville de Strasbourg a signé un accord de coopération avec Kairouan. Cette coopération décentralisée est importante pour nos régions, pour nos villes. La Tunisie, terre d’histoire, avec son savoir-faire artisanal et culinaire et avec une main-d’œuvre formée est aussi résolument engagée sur le chemin de la modernité. Elle en fait la démonstration lors de cette foire».
Pour Manuel Valls, la réussite de la transition politique est aussi tributaire du soutien international et de la France pour faire face à une menace commune, celle du «terrorisme islamique».
Valls va plus loin en assurant que Daech vise particulièrement la Tunisie car elle représente «le renouveau démocratique qui a soufflé avec la révolution du Jasmin, parce qu’elle représente l’idée de la démocratie, parce qu’elle représente aussi l’idée de la place de la femme dans la société. Elle représente un espoir pour tout le sud de la Méditerranée».
Le Premier ministre français a indiqué que son gouvernement agit de concert avec le gouvernement tunisien car la Tunisie a aussi besoin d’investissements pour réussir sa transition économique et sociale. D’où le don de 1 milliard d’euros accordé par la France à la Tunisie pour le désenclavement de ses régions intérieures, pour des programmes en direction de la jeunesse et de l’emploi et la relance du secteur touristique après les attentats meurtriers perpétrés en 2015.
«La Tunisie s’est engagée sur la voie des grandes réformes structurelles qui permettront à la communauté internationale de mieux l’aider. En tout cas, la France sera au rendez-vous. Pour la France et pour l’Europe, le grand projet des années qui viennent, c’est la relation avec les pays du Maghreb pour des raisons démographiques évidentes si nous voulons maîtriser les flux migratoires». La jeunesse du continent, estime le Premier ministre français, doit pouvoir rester sur place pour bâtir son avenir et parce que tous les grands défis du siècle (climatiques, démographiques, religieux, économiques…) se bâtissent dans cette relation, a affirmé Valls, car «si nous ne réussissons pas, l’Europe et la France seront confrontées dans les années qui viennent à des problèmes dont chacun doit prendre conscience».
Parmi ces problèmes, ceux de la désintégration de l’Europe, fragilisée par le Brexit et les fléaux du terrorisme et de l’immigration, sans parler de la crise économique.
L’Europe peut se défaire !
L’Europe peut se défaire, a déclaré Valls: «Oui ce projet historique bâti sur les ruines du 20ème siècle a tout son sens, mais aujourd’hui il est menacé avec le flux migratoire, avec les tensions à l’est des frontières et la montée du populisme. Notre pays n’y échappe pas. D’ailleurs, c’est pour cela que la frontière entre la République, la démocratie et le populisme doit être étanche sinon c’est nous-mêmes qui serons gagnés cette fois par cette vague de repli sur soi. Nous devons vivre avec la menace terroriste, d’où l’importance d’évènements aussi importants que celui de la Foire européenne et ceux économiques, sportifs, culturels et sociaux qui doivent continuer. Nous renforcerons les mesures de sécurité et nous intégrerons aussi la culture de sécurité auprès de notre population».
Valls a appelé à renforcer la “résilience” contre le terrorisme. Il a parlé des 191 Français morts en Syrie, des 700 qui se battent encore en Syrie et en Irak, ainsi que des 15.000 personnes suspectées de radicalisation et surveillées actuellement de très près en France.
«Le pays a besoin d’unité, de rassemblement. Cela n’empêche pas le débat, mais il faut de la hauteur de vue, de l’unité».
Peu de place a été accordée à la Tunisie dans le discours de Manuel Valls lors de l’inauguration officielle de la Foire européenne de Strasbourg. Il faut reconnaître que le Premier ministre français avait “d’autres chats à fouetter“.
En effet, crise de confiance entre la classe politique et les Français, démission brutale du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, vulnérabilité de l’Europe après le Brexit, immigration et menace terroriste, sans oublier des discours parlant de l’abandon de l’Alsace. «Il y a toujours des voix pour dire que la France va mal. Alors que chacun en Europe attend la voix de la France…».
Confiance, résilience, espoir et optimisme, c’est à cela qu’a appelé le Premier ministre français lors de son discours inaugural de la Foire européenne de Strasbourg. Des mots qui ne peuvent trouver tout leur sens que lorsque la France trouvera remède à ses maux.
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