Les consultations régionales que la Banque africaine de développement (BAD) a démarré à Dakar vont déboucher sur un plan d’engagement et un plan d’action communs entre la Banque et les organisations de la société civile africaine, a déclaré, le vendredi 2 septembre dans la capitale sénégalaise, Zeneb Touré, chargée principale de l’Engagement de la société civile, au sein de l’institution financière africaine.
«Il faut que nous allions au-delà du cadre que nous devons traduire en action à travers un partenariat réel sur le terrain, dans nos pays, dans nos sous-régions, dans nos opérations avec la société civile», a-t-elle souligné, ajoutant que «nous (la BAD) sommes en train de mettre en place un plan d’action».
Un plan d’action en cinq points
Les cinq consultations régionales que la Banque compte organiser en Afrique d’ici à la fin de l’année 2016 et dont la première s’est tenue à Dakar du 31 août au 2 septembre, ont un double objectif: «recueillir les avis de la société civile sur ses attentes, la manière dont elle compte travailler avec la BAD pour réaliser le Top 5; et aussi saisir son opinion sur notre cadre d’engagement et les actions concrètes que nous pouvons engager au niveau des cinq régions avec elle».
Rappelant l’engagement de la BAD depuis deux décennies envers la société civile, Zeneb Touré dira “qu’il est temps de redéfinir et de redessiner le cadre d’engagement de la Banque et la société civile, à l’aune du Top 5“ des priorités de l’institution financière basée à Abidjan.
«Nous disons à la société civile africaine que la BAD est la Banque des Africains. C’est donc leur Banque. Nous attendons de la société civile qu’elle s’approprie les actions de la Banque, qu’elle soit notre relais auprès des populations et elle constitue pour nous un canal par lequel nous pouvons mieux atteindre les populations locales», réitère-t-elle.
Pour elle, la société civile peut jouer «un rôle de veille, un rôle de sentinelle par rapport aux projets où nous engageons les moyens de la Banque et qu’elle participe également à l’élaboration, l’exécution et l’évaluation de tout ce qui se fait dans les pays et dans les sous-régions».
Le cadre d’engagement et le plan d’actions sont revenus longuement dans les débats en plénière et en atelier lors de cette consultation régionale de Dakar qui regroupe une soixantaine de participants, essentiellement issus des organisations de la société civile d’Afrique de l’Ouest. Certains n’hésitant pas à demander à la Banque d’intervenir au niveau des pays pour favoriser l’implication de la société civile.
Repenser le cadre d’engagement…
Sur ces points de vue, la responsable société civile de la BAD se veut claire: «La BAD n’a pas de projets à proprement dit. Ce sont des projets des Etats au financement desquels nous participons. Et dans beaucoup de pays, la société civile a déjà un regard sur les projets que nous finançons. Elle exécute même certaines composantes de ces projets. Nous sommes ouverts à la Banque. Si la société civile a une expertise avérée dans un domaine il va sans dire que nous serons d’accord pour qu’elle exécute une composante ou un projet. Mais tout cela se fera sur la base d’une compétition ouverte et transparente. Nous disons donc oui pour sa participation, mais c’est au niveau des pays que la société civile doit se battre pour arriver à exécuter des projets » tient-elle à préciser».
Membre de la société civile au Mali, Mamadou Goïta est d’avis qu’«il faut repenser le cadre d’engagement et prendre en compte les préoccupations du Top 5 de façon opérationnelle avec la société civile».
Directeur de l’IRPAD (Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement), une ONG basée au Mali, Goïta a milité pour qu’un travail de déblayage soit fait. Il faut aussi, dit-il, «enrayer la peur que certains agents de la BAD ont de la société civile» pour une meilleure utilisation de l’expertise de la société civile.
En définitive, la question de la capacité de la société civile ou de son expertise ne fait pas l’objet de débats. «L’expertise existe, elle est peut-être dispersée, mais elle existe et doit être organisée pour être au service du développement de l’Afrique».