54% des entreprises tunisiennes ont connu une amélioration de leur chiffre d’affaires en 2016, alors que 13% des sociétés ont enregistré une baisse de leur activité. C’est ce qu’indique une étude intitulée “Barometre 2016 des entreprises tunisiennes” élaborée par le cabinet d’Audit et de Conseil, Ernst & Young (EY).
Pour établir ce baromètre, EY a interrogé aussi bien des dirigeants d’entreprise que des leaders d’opinion. Au total, l’enquête a touché cette année 88 groupes et entreprises représentant 136.000 salariés, et totalisant un chiffre d’affaires de 16 milliards de dinars.
Présentée mercredi 7 septembre à Tunis, par Nourreddine Hajji, directeur général d’EY, lors d’une rencontre-débat sur le thème “quel avenir pour les PME tunisiennes?”, cette étude montre que la croissance des entreprises peut être portée par des facteurs externes, tels que la croissance du marché ou par des facteurs internes liés au développement de l’offre produits, au positionnement stratégique sur de nouveau marchés ou au renforcement des processus et outils de production.
Les causes…
Les entreprises ayant enregistré une baisse de leur activité l’expliquent par une conjoncture économique défavorable (75%), à une concurrence accrue (35%) et à des problèmes clients (25%).
Cependant, en dépit de la conjoncture difficile du pays, les chefs d’entreprises interrogés se déclarent franchement optimistes quant à l’évolution de leur activité pour les 12 prochains mois. Du coup, 55% des entreprises prévoient une amélioration de l’activité, 13% une forte amélioration, 24% une stabilité de leur activité et 8% s’attendent à une dégradation de leur activité.
Le Maghreb et l’Afrique subsaharienne…
Selon les résultats de cette étude, 20% des dirigeants d’entreprise envisagent de s’implanter au Maghreb, 26% en Afrique subsaharienne et 11% en Europe.
Soulèvement de 2011 et guerre en Libye…
Les éléments qui influencent le plus l’activité des entreprises sont clairement liés aux troubles que traverse le pays depuis la révolution et le début de la guerre en Libye. Ainsi, la situation sécuritaire (65% des répondants), l’environnement politique (52%) et la géopolitique régionale (45%) sont pointés du doigt par les entrepreneurs tunisiens comme étant les principaux facteurs impactant leur activité. Seulement 15% des dirigeants d’entreprises pensent que la situation politique est bonne, contre 19% en 2014.
Absence d’une vision stratégique
D’après cette étude, malgré une stabilité politique apparente, les commentaires des dirigeants d’entreprise révèlent la lenteur des réformes et l’absence d’une vision stratégique sur les moyen et long termes. 40% des entrepreneurs jugent que la situation politique va se dégrader au cours des 12 prochains mois.
Seulement 31% des chefs d’entreprise sont optimistes
Quant aux espoirs d’amélioration, ils ne concernent plus que 31% des dirigeants d’entreprise. La situation économique et sociale du pays reste mauvaise pour 90% des dirigeants d’entreprise. 49% d’entre eux estiment même que la situation va se détériorer.
D’après les chefs d’entreprise, les barrières et obstacles à l’investissement s’articulent autour de la lourdeur administrative (75%), le climat social (60%), la situation sécuritaire (57%), la corruption administrative (41%) et la législation du travail (33%). Près du 1/3 des dirigeants fixent l’horizon de stabilisation de la conjoncture politique économique et sociale à plus de cinq ans.
Il faut trois ans…
En outre, plus de 80% des dirigeants estiment que la politique menée par les pouvoirs publics est insuffisante pour aboutir à des résultats significatifs avant trois ans, en matière de lutte contre le terrorisme, de contrebande et de l’économie informelle.