L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté en plénière, lundi 19 septembre, le projet de loi relatif au prêt accordé à la Tunisie par la Banque africaine de développement (BAD) d’une valeur de 645 millions de dinars (MDT).
Au cours de leurs interventions, certains députés ont exprimé leurs craintes de la hausse de l’endettement de la Tunisie qui a atteint 62% du PIB contre 53% en 2015.
Ainsi, le député Youssef Jouini a souligné que ce prêt servira à financer la consommation et non la production et le développement, appelant dans le même cadre à réfléchir à la mise en place d’un nouveau schéma de développement au lieu de poursuivre la politique d’endettement.
Jilani Hammami abonde dans la même direction pour dire que le prêt accordé par la BAD est destiné à combler le déficit budgétaire et le remboursement d’autres crédits déjà contractés. “Nous nous attendons à ce que le gouvernement révise sa politique, notamment après l’annonce de Youssef Chahed que l’endettement a atteint 62% du PIB”, a-t-il encore fait savoir.
Pour Mériem Boujbal, l’objectif de ce prêt n’a strictement rien à voir avec la réforme du système financier, d’autant plus qu’il est destiné à soutenir directement le budget, à combler le déficit financier et résoudre les problèmes de liquidité.
Elle a par ailleurs a appelé le président de l’ARP à accélérer la discussion du projet de loi relatif à l’audit de la dette.
A rappeler que les termes de l’accord de prêt conclu entre le gouvernement tunisien et la Banque africaine de développement stipulent que ledit crédit est dédié à la réforme du système financier du pays. Maintenant reste à savoir si l’institution financière africaine va suivre ce crédit pour qu’il soit affecté là où il doit l’être, et donc soulager les craintes des députés.
D’ailleurs, la ministre des Finances, Lamia Zribi, n’a pas caché aux parlementaires que le crédit de la BAD servira, essentiellement, à réduire le déficit du budget de l’Etat… “Nous avons besoin de mobiliser, d’ici fin 2016, une enveloppe de 2,3 milliards de dinars, via l’emprunt extérieur”, a-t-elle souligné, rappelant que, depuis le début de cette année, la Tunisie n’a réussi à collecter qu’un montant de 2,2 milliards de dinars sur le marché extérieur.
D’après elle, “nous ne pouvons pas mobiliser un montant de 300 millions de dinars grâce aux bons du trésor, et ce en raison du manque de liquidités sur le marché local”.
Zribi a rappelé, par ailleurs, que ce crédit de la BAD vient s’ajouter s’ajouter aux accords conclus par la Tunisie avec le Fonds monétaire international (FMI), afin de recevoir des financements pour le budget 2016 et les premiers mois de l’année 2017. Ce genre de crédits est destiné au renforcement du budget car les bailleurs de fonds ne déterminent pas l’utilisation de ces financements mais insistent pour que ces derniers soient orientés vers l’investissement.
Le prêt de la BAD sera réservé en grande partie à la consommation, compte tenu du manque de liquidités, a souligné Zribi qui a imputé la situation dans laquelle se trouve le pays à la rareté des ressources et la hausse des dépenses salariales qui sont passées de 6,5 milliards de dinars en 2010 pour s’établir à 13 milliards de dinars en 2016. La ministre a critiqué au cours de son intervention les programmes de financement institués au profit des diplômés de l’enseignement supérieur, faisant remarquer que plusieurs projets ont échoué en raison du manque d’encadrement.
Elle a indiqué, par ailleurs, que les banques recapitalisées préparent des plans d’action alors que le ministère des finances est entrain d’élaborer un projet de loi pour la création d’une banque des régions, lequel projet sera présenté dans les meilleurs délais à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).