Le Parlement européen (PE), dont une délégation séjourne en Tunisie du 19 au 23 septembre, a appelé dans sa dernière résolution sur les relations de l’Union avec la Tunisie à convertir la dette tunisienne en projets d’investissement, en particulier dans la construction d’infrastructures stratégiques et la réduction des inégalités régionales. Pour PE, “la situation en Tunisie justifie la mise en oeuvre d’un véritable “plan Marshall” correctement doté.
Dans cette résolution adoptée le 14 septembre 2016, le PE a demandé aux Etats membres de l’Union de déterminer les moyens de garantir un rééchelonnement de la dette de la Tunisie à des conditions préférentielles et une diversification de ses composantes.
Comportant 70 points, cette résolution couvre les différents aspects de la coopération tuniso-européenne: politique, social, sécuritaire, et surtout économique. A cet égard, le Parlement européen s’est dit “préoccupé par les difficultés que rencontre la Tunisie pour recouvrer des avoirs ( à l’étranger), du fait notamment de la durée et de la lourdeur des procédures associées à leur confiscation et leur rapatriement”, préconisant “d’apporter à la Tunisie un appui technique spécifique pour lui permettre d’entreprendre des recherches ainsi que de recueillir les informations et les preuves nécessaires en vue du recouvrement” de ces avoirs.
Il a, également, invité les Etats membres à “faire preuve de volonté politique afin d’accélérer la récupération des avoirs tunisiens gelés” et à “favoriser l’amélioration de la rapidité et de la sécurité des transferts de fonds opérés par les Tunisiens et des Nord-Africains résidant dans l’Union”.
Le PE préconise, en outre, de renforcer la lutte contre la corruption, eu égard, en particulier, au développement de l’économie souterraine, afin d’améliorer l’efficacité et la transparence des processus décisionnels et d’instaurer un environnement plus favorable aux investissements et aux entreprises. Il préconise également de “renforcer l’aide apportée par l’UE à la Tunisie au titre de l’Instrument européen de voisinage ainsi que de coordonner l’aide internationale en faveur de la Tunisie pour lui permettre de bénéficier pleinement du soutien européen et d’encourager la conclusion de partenariats avec d’autres bailleurs de fonds intéressés à l’échelle mondiale et régionale”.
Dans le même contexte, l’institution européenne a recommandé d’utiliser les fonds relevant de la politique européenne de voisinage pour soutenir davantage les PME, d’encourager l’élaboration de programmes pour les start-up ciblant en particulier les femmes et les jeunes dans l’optique de développer la formation à la gestion d’entreprises et l’accès aux aides financières afin de renforcer le secteur des PME.
Mettant l’accent sur le secteur agricole en Tunisie, qui doit être inclut dans les négociations en cours sur un Accord de libre échange complet et approfondi (ALECA) entre la Tunisie et l’UE, l’instance européenne a estimé qu’il “doit être réformé en profondeur et qu’il y a lieu de prendre, de toute urgence, une série de mesures concrètes, telles que le développement des capacités des usines de dessalement, pour résoudre la question de la pénurie d’eau ainsi que d’autres problèmes qui font leur apparition du fait du changement climatique”.
Elle a notamment invité les autorités tunisiennes à interdire l’utilisation de tout pesticide déjà interdit, au sein de l’Union et à “promouvoir une agriculture et des habitudes alimentaires durables” et à adopter “une réforme agraire pour inciter les agriculteurs à préserver les forêts et les rivières”.
Pour ce qui est du secteur du tourisme, le parlement a demandé aux Etats européens qui ne l’auraient pas encore fait de réévaluer la situation sur le plan de la sécurité dans les plus brefs délais, pour favoriser le redressement du tourisme en Tunisie, rappelant que le développement durable du tourisme côtier en Tunisie nécessite de réduire fortement la densité hôtelière afin de rationaliser les investissements et de gérer le littoral.
Le PE a recommandé, aussi, “d’axer davantage la coopération de l’Union sur l’économie verte et le développement durable, et de développer l’utilisation des énergies renouvelables ainsi qu’un meilleur traitement des eaux usées et des déchets, eu égard notamment, au fort potentiel que recèle la Tunisie en matière d’énergie renouvelable”.
Il s’est en outre félicité de l’adoption du nouveau code d’investissement, “qui devrait créer de la stabilité sur le plan réglementaire et favoriser les investissements, ainsi que des réformes fiscales entreprises”, et a recommandé “de moderniser l’administration publique, qui devrait fonctionner de manière efficace et transparente, ce qui aurait pour effet de faciliter grandement, la réalisation de projets ainsi qu’une meilleure utilisation des fonds”.
La Tunisie abrite actuellement, la réunion de la Commission parlementaire mixte Tunisie-Union européenne.
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